Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/362

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— Vous avez été jugée pour le meurtre de Pierre Goodwin seulement, vu que les actes d’accusation pour le second meurtre et pour l’incendie n’ont pas encore été signifiés. La Cour a été obligée de séparer les cas, de crainte que la justice ne se trouvât paralysée par suite de pures formalités. Ce verdict rend toute procédure ultérieure peu nécessaire, et les deux actes d’accusation qui restent ne seront probablement jamais présentés.

— Je crois vous comprendre encore, Monsieur, et je vous remercie sincèrement de la manière obligeante avec laquelle vous m’avez communiqué ces faits, aussi bien que des égards et de la douceur que vous avez déployés dans tout ce procès. C’est une noble conduite, Monsieur, et quel que soit le résultat de cette affaire, Dieu se la rappellera et vous en récompensera.

— La Cour vous entendra, Marie Monson, si vous avez quelque chose à dire avant que la sentence soit prononcée.

— Peut-être pourrais-je dire et faire beaucoup pour modifier votre décision, Monsieur, reprit la prisonnière, appuyant pour un moment son joli front sur sa main ; mais il y aurait peu de satisfaction pour moi. Mon désir était d’être acquittée d’après le témoignage de l’État. J’espérais que le jury n’aurait pas vu de preuves de culpabilité dans les témoignages qui ont été portés contre moi, et j’avoue que je trouverai peu de plaisir à tout autre acquittement. À ce que je comprends, si j’étais acquittée pour ce qui concerne Pierre Goodwin, je dois encore être jugée pour ce qui regarde sa femme, et en dernier lieu pour avoir mis le feu à la maison.

— Vous n’êtes pas acquittée pour le meurtre de Pierre Goodwin, dit le juge en intervenant avec douceur ; la décision de la Cour est précisément le contraire.

— Je le sais, Monsieur. Il y a des hommes, et des hommes haut placés, qui seraient enchantés de voir le grand exemple de paix, d’ordre et de prospérité que ce pays a jusqu’ici donné au monde, renversé par nos vices, et le mauvais usage que fait le peuple des dons de la Providence. Je n’ai plus pour la justice de mon pays le respect que j’eus autrefois ; c’est impossible désormais. Je vois maintenant que ses agents n’ont nullement le carac-