Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/37

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dédain pour eux et pour les manœuvres qu’ils employaient lorsqu’il s’agissait d’élever ou de détruire une réputation. Mais il n’aimait pas à voir son nom mêlé à une cause de cette importance, avant qu’il fût définitivement résolu de s’en charger. En raison de ces motifs, il n’eut aucune communication avec Marie Monson, avant leur rencontre dans la salle d’audience, à l’heure fixée pour l’enquête.

La salle était comble, la foule étant accourue de tous les côtés pour assister à l’enquête annoncée. Dunscomb remarqua que le coroner avait l’air grave, comme un homme persuadé qu’il avait sur les bras une grosse affaire ; tandis que l’expression générale qui dominait dans le public était une vive curiosité. Notre avocat lui-même était inconnu à tous les assistants, excepté à deux ou trois journalistes, qui à son aspect prirent rapidement leurs plumes et se mirent à griffonner. C’était probablement pour écrire la phrase ordinaire : « Nous avons remarqué dans la foule Thomas Dunscomb, l’avocat bien connu de la ville. » Mais Thomas Dunscomb s’inquiétait peu de ces vulgarités, et il demeura passif.

Dès que s’ouvrit l’enquête, le coroner appela à la barre un médecin du voisinage. Le bruit avait couru qu’un médecin de la ville avait donné à croire qu’aucun des deux squelettes n’était celui de Pierre Goodwin, et il y avait un désir unanime de le confronter avec une haute autorité locale. Ce fut pendant qu’on allait chercher cet expert, que Mac-Brain signala Marie Monson à Dunscomb. Elle était, comme le jour précédent, assise dans un coin, probablement dans le dessein de rester seule. Cependant elle n’était pas absolument isolée, une dame d’assez bonne mine, entre deux âges, se tenant à ses côtés : c’était mistress Jones, femme d’un ministre protestant, qui avait charitablement offert à l’étrangère soupçonnée un asile chez elle pendant la durée de l’enquête. On croyait généralement que Marie Monson n’avait pas conscience des soupçons qui planaient sur elle ; et il entrait dans le plan de ceux qui exerçaient toutes leurs facultés à découvrir un criminel, de ne l’instruire de sa situation qu’en public, de manière à la placer sous l’impression d’une surprise qui pourrait