supposait qu’elle s’était logée dans le cottage des Goodwin pour se soustraire à son mari. Sa grande fortune lui donnait le pouvoir d’agir à sa fantaisie, et quoique le souffle de la calomnie n’eût pas encore flétri son nom, elle était répréhensible sur bien des points qui sont des devoirs aussi sérieux que celui d’être chaste. Les lois vinrent en aide à ses folies et à ses caprices, en lui permettant l’usage désordonné de ses richesses, et en autorisant sa révolte contre le pouvoir conjugal.
CHAPITRE XXIX.
Pourquoi donc ajouter aux tourments que j’endure,
Des maux qui ne sont pas la nouvelle torture ?
a scène doit être maintenant transportée à Rattletrap. Biberry
était désert. Les rumeurs mêmes, dont ses rues avaient été inondées,
étaient déjà oubliées. Personne n’a une mémoire aussi fragile
que les bavardes. Biberry en offrait en ce moment la preuve.
À peine aurait-on pu y rencontrer une personne qui voulût convenir
avoir cru un instant Marie Monson coupable.
C’est le moment d’ajouter ici qu’on ne fit aucune poursuite contre Sarah Burton. Elle était évidemment coupable ; mais la loi, dans ces temps de progrès, réserve son indulgence pour les méfaits notoires. Quelle nécessité, en effet, d’afficher ceux dont tout le monde peut signaler la faute ? Non ; ce sont les innocents qui ont le plus de raison de redouter la loi : on peut les soumettre, eux, à des ennuis, à des vexations, à des amendes, lorsqu’on ne parvient pas à les condamner absolument !
Nos personnages, à l’exception de Mac-Brain et de sa femme, étaient réunis à Rattletrap. Dunscomb s’était assuré de tout ce qu’il était nécessaire de connaître au sujet de Mildred, et il avait fait toutes les démarches voulues pour la protéger. Il ne douta pas un instant de sa folie, quoiqu’elle fût si bien cachée sous les brillants dehors de l’éducation et sous les grâces d’un raffinement