Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/7

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maison en question, avait été bâtie à la dernière mode d’alors. Esquire Dunscomb, comme il était, appelé dans tous les comtés rustiques des environs, où il était bien connu comme un habile et solide conseiller judiciaire ; M. Thomas Dunscomb, comme le qualifiaient quelques vieilles filles qui s’étonnaient qu’il ne se fût jamais marié ; ou Tom Dunscomb, comme le nommaient familièrement une foule de jeunes libertins sur le retour et ayant dépassé la soixantaine, savait se faire distinguer dans chacun de ses rôles. Comme avocat, il était à la tête du barreau, autant que peut l’être un homme sans prétention au titre d’orateur, et dont les plus longs efforts dépassaient rarement une demi-heure. Comme homme du monde, il était bien élevé, quoique un peu cynique, très-agréable, surtout avec les dames, et possédant au plus haut point les manières des premiers cercles de l’endroit pour le ton et l’élégance. Comme gai compagnon, Tom Dunscomb était partout recherché, principalement à cause de son bon cœur, et parce qu’il était toujours prêt pour un bon repas. À ces qualités personnelles, Dunscomb joignait l’avantage d’être connu pour riche, ayant hérité d’une belle fortune qu’il avait beaucoup augmentée par les gains multipliés d’une profession lucrative. Si à ces circonstances nous ajoutons qu’il avait un extérieur des plus avenants, et qu’il était encore dans toute la verdeur de l’âge, le lecteur a tout ce qu’il faut pour l’introduction d’un de nos principaux personnages.

Quoique garçon, M. Dunscomb ne vivait pas seul. Il avait avec lui un neveu et une nièce, enfants orphelins d’une sœur morte depuis plusieurs années. Ils portaient le nom de Wilmeter, qui, dans les conversations de famille, était presque toujours prononcé Wilmington. C’était Jack Wilmington et Sally Wilmington, à l’école, à la maison et avec les intimes, mais, pour nous conformer à l’usage du monde extérieur, nous leur conserverons le plus souvent les noms de M. John Wilmeter et de miss Sarah Wilmeter.

À huit heures et demie d’une belle matinée du mois de mai dernier, lorsque les roses commençaient à étaler leurs brillantes couleurs parmi les feuilles verdoyantes qui ombrageaient la cour