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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/83

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prison. Elle n’avait été séparée que depuis deux mois du sein de la société, et n’en avait pas vu assez dans les voies de sa triste et nouvelle position pour avoir perdu aucune des qualités de son sexe : une extrême douceur, une nature aimante, de tendres sentiments, toutes choses peu rares parmi les femmes d’Amérique.

— Marie Monson vous a envoyé chercher, monsieur Wilmeter, dit d’abord mistress Gott d’un ton bas et confidentiel, comme si elle croyait que John et elle étaient principalement les gardiens de cette jeune inconnue, dont la destinée paraissait si triste. C’est étonnant comme elle est patiente et résignée, beaucoup plus que je ne le serais si j’étais obligée de vivre dans cette prison, c’est-à-dire de l’autre côté de ces portes de fer ; mais elle m’a dit il y a une heure qu’elle n’est pas sûre, après tout, que son emprisonnement ne soit pas la meilleure chose qui puisse lui arriver.

— Voilà une étrange remarque, répliqua John. La fit-elle sous l’impression d’un sentiment, comme qui dirait de repentir, ou de toute autre vive émotion ?

— Avec un doux sourire, un calme, une voix si suave et si tendre qu’on n’en vit, qu’on n’en entendit jamais de semblables. Quelle tendresse infinie, quelle musique il y a dans sa voix, monsieur Wilmeter !

— Vous avez raison. J’en fus frappé la première fois que je l’entendis parler. Avec quelle distinction elle en fait usage, mistress Gott ! quelle élégance, quelle correction dans ses paroles !

Bien qu’au fond mistress Gott et John Wilmeter eussent des idées très-différentes sur les qualités qui constituent la distinction, et que la prononciation de la bonne femme ne laissât pas d’être défectueuse, elle applaudit de tout cœur à la vérité de l’éloge du jeune homme. En effet, Marie Monson, pour le moment, était son thème favori, et bien que jeune elle-même, et d’un extérieur agréable, elle ne tarissait pas sur ses louanges.

— Elle a eu beaucoup d’éducation, monsieur Wilmeter, bien au-dessus de nos dames d’ici, continua la bonne femme. On a apporté ses livres et j’y ai regardé ; il n’y en a qu’un sur quatre dans lequel je puisse lire. Ce qui est plus fort, c’est qu’ils ne sem-