Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/84

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blent pas être tous dans la même langue, mais dans trois ou quatre.

— Elle connaît certainement plusieurs langues vivantes et les connaît bien. Je m’y entends peu moi-même, mais mon ami Millington est très-fort sur les langues mortes et vivantes, et, selon lui, ce qu’elle sait, elle le sait bien.

— C’est consolant ; car une jeune dame qui parle tant de langues différentes songerait difficilement à voler et à assassiner deux vieilles gens dans leur lit. Peut-être, Monsieur, feriez-vous mieux d’aller à la porte et de la voir, bien que je voulusse rester ici et parler d’elle tout le jour. De grâce, monsieur Wilmeter, quelle est d’entre les langues celle qui est réellement morte ?

John sourit, et après avoir éclairé sur ce point la femme du sheriff s’avança, précédé par elle, vers la porte principale qui séparait l’habitation de la famille des chambres de la prison. Une fois ouverte, une communication imparfaite s’établissait avec le dedans de la prison au moyen d’un grillage à la porte inférieure. La prison du comté de Dukes est une construction récente bâtie sur un plan de plus en plus en faveur, bien que défectueux au point de vue de la civilisation, qui voudrait qu’on séparât suffisamment les criminels, et qu’on traitât les accusés avec la considération qui leur est due jusqu’à ce qu’un verdict du jury les ait déclarés coupables.

La construction de cette prison était très-simple. Un bâtiment solide, bas, oblong, a été élevé sur des fondations tellement remplies de pierres, qu’il était impossible de creuser. Le sol se composait d’énormes pierres massives, qui s’étendaient dans toute la longueur du bâtiment, à une distance d’une trentaine de pieds ; ou, si elles étaient jointes, c’était par les murs de séparation, qu’elles rendaient aussi sûrs que solides. Les cellules n’étaient pas vastes, certainement, mais d’une grandeur suffisante pour admettre l’air et la lumière. Les plafonds étaient formés de pierres plates, aussi énormes que celles du sol, et assurées par une charge de pierres et des poutres pour les fortifier ; les séparations étaient en solide maçonnerie. Le prisonnier était littéralement enfermé dans la pierre, et rien n’offrait de chances à une tentative d’évasion, pourvu que le geôlier donnât une attention même