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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/89

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répétant que pour la première fois depuis des mois, je me sens en sécurité. Je suis ce que vous appelez dans les mains de la loi ; et l’on est ici à l’abri de tout, si ce n’est des coups portés par la loi. Je ne les redoute en aucune façon, et je me sens heureuse.

— Heureuse !

— Oui ; par comparaison, heureuse. Je vous le dis avec d’autant plus de plaisir, que je vois clairement que vous portez à mon bonheur un généreux intérêt, un intérêt qui surpasse celui d’un conseil pour sa cliente.

— Qui le surpasse mille fois, miss Monson ! Mais, non, il n’en faut pas parler.

— Je vous remercie, monsieur Wilmeter ; je vous remercie du fond du cœur, reprit la prisonnière, rougissant légèrement et les yeux baissés sur le sol, je crois que vous êtes un homme à sentiments énergiques et à généreux instincts, et je suis reconnaissante que vous les ayez déployés en ma faveur dans des circonstances où vous pouvez être excusé de penser de moi tout le mal possible. Si j’en crois cette brave femme, mistress Gott, j’ai peur que l’opinion à Biberry soit moins consolante.

— Vous devez savoir ce qu’il en est dans un village, miss Monson. Chacun a quelque chose à dire, et chacun met tout au niveau de ses connaissances et de son intelligence.

Marie Monson sourit de nouveau, cette fois plus naturellement, et sans aucune expression pénible qui affaiblit l’espèce d’inspiration intérieure qui resplendissait sur ses traits.

— N’en est-il pas des villes comme des villages, monsieur Wilmeter ? demanda-t-elle.

— Peut-être ; mais je veux dire que le cercle des connaissances est plus restreint dans un endroit comme celui-ci que dans une grande ville.

— Biberry est si près de New-York qu’à prendre classe pour classe, il ne me semble pas qu’on doive trouver une grande différence dans leurs habitants. Ce que les bonnes gens de Biberry pensent de ma situation, les habitants de votre ville, j’en ai peur, le penseront aussi.