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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 30, 1854.djvu/91

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— Je le sais, l’ayant fait moi-même.

— Vous, miss Monson, vous avez été à Jérusalem ?

— Pourquoi pas, monsieur Wilmeter ? Vous dites vous-même que les femmes font fréquemment ce voyage. Pourquoi pas moi comme les autres ?

— Je n’en sais trop rien moi-même ; mais c’est si étrange, tout, autour de vous, est si extraordinaire…

— Vous croyez extraordinaire qu’une personne de mon sexe, qui en partie a été élevée en Europe, et qui a voyagé dans la Terre-Sainte, puisse être enfermée dans cette prison à Biberry, n’est-il pas vrai ?

— Sous un rapport, j’en conviens ; mais il n’est guère moins étrange qu’une personne telle que vous ait habité dans le galetas d’un cottage comme celui de ces infortunés Goodwin.

— Cela touche à mon secret, Monsieur ; il n’en faut pas parler davantage ; vous devez juger quelle importance j’attache à ce secret, quand, pour le garder, je me soumets aux plus cruels soupçons, et cela dans l’esprit de ceux auprès de qui je serais si heureuse de conserver ma réputation : votre excellent oncle et vous-même.

— Je serais très-flatté si je pouvais croire votre dernière parole ; je puis à peine prétendre à faire partie de vos connaissances.

— Vous oubliez dans quelle situation votre respectable et digne oncle vous a laissé ici, monsieur Wilmeter ; elle vous donne de plus grands droits à mes remerciements et à ma connaissance que ne vous en eût accordés une simple confiance. D’ailleurs nous ne sommes pas — un autre sourire malin et presque imperceptible éclaira de nouveau cette remarquable physionomie — aussi entièrement étrangers l’un à l’autre que vous semblez le croire.

— Nous ne sommes pas étrangers ! Vous me surprenez ! Si j’avais eu l’honneur…

— L’honneur ! interrompit Marie avec un peu d’amertume ; c’est vraiment un grand honneur de connaître une personne dans ma position.