Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/10

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Il ne doit rien à aucun conteur bavard cherchant à charmer l’ennui des longues soirées d’hiver. Il ne croit pas aux esprits. Il n’a pas eu une vision dans toute sa vie, et il dort trop profondément pour avoir des songes.

Il est forcé d’avouer que dans aucun des journaux publiés chaque jour, chaque semaine, chaque mois ou chaque trimestre, il n’a pu trouver un seul article louangeur ou critique, contenant une idée dont ses faibles moyens pussent profiter. Personne ne regrette cette fatalité plus que lui, car les rédacteurs de tous ces journaux mettent en général dans leurs articles tant d’imagination, qu’en en profitant avec soin on pourrait assurer l’immortalité d’un livre, en le rendant inintelligible.

Il affirme hardiment qu’il n’a reçu de renseignements d’aucune société savante, et il ne craint pas d’être contredit là-dessus, car pourquoi un être aussi obscur serait-il l’objet exclusif de leurs faveurs ?

Quoiqu’on le voie de temps en temps dans cette société savante et frugale connue sous le nom de club du pain et du fromage, où il est coudoyé par des docteurs en droit et en médecine, des poètes, des peintres, des éditeurs, des législateurs et des auteurs en tout genre, depuis la métaphysique et les hautes sciences jusqu’aux ouvrages de pure imagination, il assure qu’il regarde l’érudition qu’on y recueille comme trop sacrée pour en faire usage dans tout ouvrage qui n’est pas relevé par la dignité de l’histoire.

Il doit parler des colléges avec respect, quoique les droits de la vérité soient supérieurs à ceux de la reconnaissance. Il se bornera à dire qu’ils sont parfaitement innocents des erreurs qu’il a pu commettre, ayant oublié depuis longtemps le peu qu’ils lui ont enseigné.

Il n’a dérobé ni image à la poésie profonde et naturelle de Bryant, ni sarcasme à l’esprit d’Halleck, ni expressions heureuses à l’imagination riche de Percival, ni satire à la plume caustique de Paulding[1], ni périodes bien arrondies à Irving[2], ni vernis séduisant aux tableaux de Verplancks[3].

  1. Poëtes américains dont on ne connaît en Europe que quelques extraits, y compris les épitaphes des romans de M. Cooper.
  2. L’auteur du Sketch-Book et de l’Histoire de Christophe Colomb, surnommé l’Addison américain.
  3. Auteur encore moins connu en Europe que les autres.