Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/137

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vers les soldats combattants et harassés, et arriva au poste qui lui avait été assigné. Il y trouva plusieurs compagnies chargées de frayer un chemin au corps d’armée, et il ne se passait pas cinq minutes sans que de nouveaux ennemis se montrassent. À l’instant où Lionel arrivait, une décharge partit du clos d’une grange, dirigée contre les premiers rangs, et envoyant des messagers de mort jusqu’au centre de l’avant-garde.

— Capitaine Polwarth, s’écria le vieux major de marine, qui combattait vaillamment au premier rang, prenez une compagnie d’infanterie légère, et débusquez ces lâches vagabonds de leur embuscade.

— Par les douceurs du repos, et l’espoir d’une halte ! répondit l’infortuné capitaine, c’est une autre tribu de ces sauvages blancs. En avant, mes braves ! Escaladez le mur sur votre gauche. Point de quartier à ces coquins ! feu d’abord, et l’arme blanche ensuite.

Tandis que la force des circonstances arrachait des ordres si terribles au pacifique capitaine, Lionel vit son ami disparaître au milieu d’un nuage de fumée, entre les bâtiments de la ferme, suivi par ses soldats. Quelques minutes après, pendant que la troupe gravissait péniblement une hauteur sur laquelle cette scène se passait, Polwarth reparut, le visage noir de poudre ; et une colonne de flamme qui s’élevait par derrière annonça l’incendie qui dévorait les bâtiments du malheureux fermier.

— Ah ! major Lincoln ! s’écria-t-il en s’approchant de son ami, appelez-vous cela des mouvements de l’infanterie légère ? Moi, je dis que ce sont les tourments des damnés. Allez, vous qui avez de l’influence, et un cheval, ce qui vaut encore mieux, allez dire à Smith que, s’il veut ordonner une halte, je m’engage à m’asseoir à la tête de ma compagnie, dans telle position qu’il voudra choisir, et de tenir en respect ces maraudeurs pendant une heure, pour que le détachement puisse se reposer et satisfaire son appétit, me flattant qu’il accordera ensuite à ses défenseurs le temps nécessaire pour en faire autant. Une marche de nuit, point de déjeuner, un soleil brûlant, je ne sais combien de milles, point de halte, et toujours feu ! feu ! Croire qu’un homme puisse endurer tant de fatigues, c’est ce qui est contraire à tous les principes de physique et même d’anatomie.

Lionel tâcha d’encourager son ami à faire de nouveaux efforts ;