CHAPITRE XI.
n fort détachement des troupes royales fut placé sur une hauteur
qui commandait les approches de leur position ; le reste
pénétra plus avant dans la péninsule, ou fut transporté à Boston[1]
par les chaloupes de la flotte. Lionel et Polwarth passèrent le
détroit avec la première division des blessés : le premier n’ayant
pas de devoirs à remplir qui pussent le retenir avec le détachement ;
le second soutenant hautement que ses souffrances corporelles
lui donnaient le droit incontestable d’être compris parmi
ceux que le fer ou le plomb des Américains avaient atteints.
Aucun officier de l’armée du roi n’éprouvait peut-être un chagrin aussi vif que le major Lincoln du résultat de cette expédition ; car, malgré son attachement pour son roi et sa patrie d’adoption, il n’en prenait pas moins d’intérêt à la réputation de ses véritables concitoyens, sentiment honorable à la nature humaine, et qui n’abandonne jamais que celui qui en oublie les impulsions les plus nobles et les plus pures. Tout en regrettant ce qu’il en avait coûté à ses compagnons d’armes pour apprendre à apprécier le caractère de ces colons dont la longue patience avait été prise mal à propos pour de la pusillanimité, il était charmé de voir que les yeux des vieillards s’ouvraient enfin à la vérité, et que la bouche des jeunes inconsidérés se formait de honte. On cache, probablement par des motifs politiques, la perte véritable qu’avaient essuyée les deux détachements employés à cette expédition ; mais il fut bientôt reconnu qu’elle était environ du sixième de ceux qui en avaient fait partie.
Lionel et Polwarth se séparèrent sur le quai, le capitaine d’in-
- ↑ La péninsule de Charlestown est presque entièrement entourée d’une eau profonde, et n’est jointe à la terre voisine que par une langue de terre de peu de largeur. Bunker-Hill s’élève comme un rempart immédiatement avant le passage.