un sommeil si profond, qu’on aurait pu le comparer à l’oubli de la mort.
CHAPITRE XIII.
alarme occasionnée par l’expédition dont nous venons de
parler se répandit rapidement le long des rives de la mer Atlantique,
et le bruit en retentit sur toutes les montagnes de l’ouest,
comme s’il eût été porté par un vent impétueux. Toute la population
mâle, depuis les flots de la baie de Massachusetts jusqu’aux
eaux limpides du Connecticut, se leva en masse ; le cri du sang se
fit entendre bien loin dans l’intérieur des terres, et les montagnes,
les vallées, les grandes routes, les sentiers, tout fut couvert
d’hommes armés qui se pressaient d’arriver sur le théâtre de la
guerre. Quarante-huit heures après la fatale affaire de Lexington,
ou calcule que plus de cent mille hommes étaient sous les armes,
et près de vingt-cinq mille étaient réunis devant les péninsules
de Boston et de Charlestown. Ceux que la distance et le manque
d’approvisionnements militaires empêchaient de prendre sur-le-champ
une part active à cette grande lutte attendaient avec impatience,
un peu plus loin, le moment où leur zèle pourrait aussi
être mis à une épreuve plus sérieuse. En un mot, l’état de mécontentement
sourd dans lequel les colonies avaient paru engourdies
depuis une année, céda tout à coup aux élans du patriotisme et
de l’indignation dès qu’on apprit les événements de ce jour, et
les transports furent si vifs, qu’ils imposèrent silence à ceux qui
ne partageaient pas les mêmes sentiments, et dont le nombre ne
laissait pas d’être assez considérable dans les provinces du sud,
jusqu’à ce que les premiers mouvements révolutionnaires eussent
pu se calmer, par suite de l’influence que le temps ne manque
jamais d’exercer.
Gage, bien assuré dans sa position, soutenu par une force qui