Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/173

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s’accroissait constamment et par la présence d’une flotte formidable, regardait grossir l’orage d’un œil ferme, et avec ce calme qui distinguait la douce bienveillance de son caractère privé. Quoiqu’on ne pût se méprendre sur l’attitude et les intentions des Américains, il écoutait avec répugnance les avis de vengeanee que lui donnaient ses conseillers, et il cherchait à apaiser le tumulte, plutôt qu’à déployer une force qu’un mois auparavant on avait crue suffisante pour résister aux efforts réunis des colons pacifiques, et que sa prudence lui faisait regarder comme ne pouvant que se maintenir dans l’intérieur de la presqu’île qu’il occupait.

Cependant il fulmina des proclamations contre les rebelles, et adopta promptement toutes les mesures qui lui parurent indispensables pour assurer la dignité et l’autorité de la couronne. Mais ses menaces furent méprisées, et ses exportations à revenir à une fidélité que le peuple prétendait encore n’avoir pas abjurée, ne purent se faire entendre au milieu du tumulte des armes et des cris populaires du temps. À ces appels du général anglais et à ceux des autres gouverneurs qui maintenaient encore l’autorité royale dans toutes les provinces, à l’exception de celle qui était le théâtre des événements que nous avons rapportés, le peuple répondit par des pétitions présentées au trône pour obtenir justice, et conçues en termes aussi énergiques que respectueux. La puissance et les prérogatives du monarque étaient encore respectées, l’on n’en parlait qu’avec la vénération due à son caractère sacré et au rang éminent qu’il occupait. Mais ce ton de sarcasme, mordant quoique grave, que les colons savaient si bien employer, se dirigeait librement contre ses ministres, qu’on accusait d’adopter des mesures faites pour troubler la paix de l’empire.

Ce fut ainsi que se passèrent quelques semaines après la journée d’escarmouches qu’on appela la bataille de Lexington, parce que la première avait eu lieu dans ce village, et les deux partis continuèrent à se préparer à donner de plus grandes preuves de leur force et de leur audace.

Lionel n’avait pas été spectateur indifférent de ces préparatifs. Dans la matinée qui suivit le retour du corps d’armée à Boston, il demanda au général un commandement, tel qu’il avait droit de l’attendre. Mais celui-ci, tout en le complimentant sur le courage et la loyauté dont il avait donné des preuves en cette occa-