fussent encore de nom sous l’autorité de la couronne britannique, ces colonies ne négligeaient aucun des moyens en leur pouvoir pour faire valoir leurs droits jusqu’à la dernière extrémité.
À Philadelphie, le congrès des délégués des Colonies-Unies, ce corps qui donna de l’unité aux mouvements d’un peuple commençant pour la première fois à agir en nation distincte, publia ses manifestes, soutint avec un talent supérieur les principes des colons, et organisa une armée pour les défendre autant que les circonstances le permettaient. D’anciens militaires qui avaient servi le roi furent invités à se ranger sous les bannières de la confédération, et les autres officiers furent choisis parmi des jeunes gens pleins d’une ardeur martiale, disposés à risquer leur vie dans une cause dont le succès promettait si peu d’avantages personnels. À la tête de cette liste de guerriers encore sans expérience, le congrès plaça un de ses membres, un homme déjà distingué par ses services militaires, et qui a depuis légué à son pays la gloire d’un nom sans tache.
CHAPITRE XIV.
endant cette période d’excitation politique, tandis que tout
prenait l’apparence de la guerre et qu’on en éprouvait déjà les privations,
quoiqu’on en connût à peine la marche et les dangers, Lionel
Lincoln, malgré l’intérêt puissant que lui inspiraient les affaires
publiques, n’avait pas tout à fait oublié ses sentiments personnels.
Dans la matinée qui suivit la nuit où il avait vu la scène du vieux
magasin, entre Mrs Lechmere, Abigaïl et Ralph, il y était retourné
de très-bonne heure pour tâcher de calmer les inquiétudes dont
il était dévoré, en cherchant de nouveau à obtenir une explication
complète de tous ces mystères, principal lien qui l’avait attaché à
un homme qu’il ne connaissait guère que par ses singularités.
Les effets du combat qui avait eu lieu la veille se faisaient déjà