Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/267

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Quelle que fût l’impatience de Lionel, il fut un peu surpris de la première offre de sa tante ; mais son orgueil ne lui permettant pas un seul moment d’hésitation, il répondit :

— Permettez donc que ce soit aujourd’hui, si miss Dynevor veut bien y consentir.

— La voici qui vient elle-même pour vous dire qu’elle est prête à faire ce que nous désirons. Cécile, ma chère enfant, j’ai promis au major Lincoln que vous seriez sa femme aujourd’hui.

Miss Dynevor, qui était arrivée jusqu’au milieu de la chambre, s’arrêta court, ressemblant à une belle statue exprimant l’étonnement et presque le chagrin. Elle rougissait et pâlissait tour à tour avec une effrayante rapidité, et ses mains tremblantes laissèrent échapper le papier qu’elles tenaient et qui alla tomber à ses pieds, qui paraissaient attachés au parquet.

— Aujourd’hui ! répéta-t-elle d’une voix à peine intelligible ; avez-vous dit aujourd’hui, ma bonne maman ?

— Aujourd’hui même, mon enfant.

— Pourquoi cet étonnement, cette alarme, Cécile ? dit Lionel en la conduisant doucement à un siège. Vous connaissez les périls qui nous environnent, vous avez bien voulu m’avouer vos sentiments ; réfléchissez, je vous prie : l’hiver est près de finir, et le premier dégel peut amener des événements qui changeraient entièrement notre position.

— Tout cela peut avoir un grand poids à vos yeux, major Lincoln, dit Mrs Lechmere d’un ton solennel qui attira l’attention des deux jeunes gens ; mais j’ai d’autres motifs bien plus puissants encore. Je n’ai que trop connu les périls et les malheurs qui peuvent résulter d’un jour de délai. Vous êtes jeunes, vous êtes vertueux, pourquoi ne seriez-vous pas heureux ? Cécile, si vous m’aimez, et si vous me respectez autant que je l’espère, vous deviendrez sa femme aujourd’hui.

— Laissez-moi le temps de me reconnaître, chère bonne maman. Ce lien est si nouveau et si solennel, major Lincoln ! Cher Lionel, vous n’êtes point généreux à demi ; je me confie ordinairement à votre bonté.

Avant que Lionel eût le temps de prononcer un mot, Mrs Lechmere répondit :

— Ce n’est pas lui, c’est moi qui vous en prie.

Miss Dynevor se leva brusquement de son siège comme si sa