les occasions d’être heureux ; c’est vraiment un devoir pour nous.
— Le péché ne rend point heureux l’homme tombé, dit une voix basse et sourde qui sortait de derrière le poêle.
— Eh !… quoi ?… que dites-vous, major Lincoln ? voilà une idée bien sombre pour un jour de noces, dit le prêtre en regardant autour de lui.
— C’est ce pauvre jeune homme que j’ai amené pour m’aider à rallumer les feux, qui répète une des sentences de sa mère ; voilà tout, Monsieur.
Pendant ce temps, le docteur Liturgy avait aperçu Job tapi derrière le poêle, et se renversant sur sa chaise, il dit en souriant d’un air dédaigneux :
— Je connais l’enfant, Monsieur, je dois le connaître. Il est versé dans la connaissance des textes, et il est même assez porté à entrer en discussion sur les matières religieuses. Il est fâcheux que dès son enfance on n’ait pas mieux dirigé sa faible intelligence, mais on a étouffé les germes de son esprit en le remplissant de toutes ces subtilités. Nous (quand je dis nous, je veux parler des membres de l’église dominante), nous l’appelons souvent le Calvin de Boston. Eh ! eh ! eh ! Le vieux Cotton[1] lui-même ne l’égalait pas en subtilités ! Mais à propos d’église, ne croyez-vous pas qu’une des conséquences de cette rébellion sera d’étendre les bienfaits du culte dans toutes les colonies, et que nous pouvons déjà entrevoir le moment où la véritable religion sera établie dans toutes ces provinces ?
— Oh ! certainement, dit Lionel en marchant avec impatience vers la fenêtre ; plût à Dieu qu’ils arrivassent !
Le docteur, qui célébrait trop souvent des mariages pour que l’approche de cette cérémonie pût encore lui faire éprouver la moindre émotion, ne comprit pas celle de Lionel, et prenant à la lettre ce que celui-ci venait de dire, il répondit :
— Je suis enchanté de vous entendre parler ainsi, major Lincoln, et j’espère que vous voterez en conséquence lorsque l’acte d’amnistie sera présenté au parlement.
En ce moment Lionel aperçut le sleigh qui enfilait la rue déserte, et poussant un cri de joie, il courut à la porte pour recevoir la mariée. Le docteur resté seul finit sa phrase pour sa
- ↑ Ecclésiastique distingué de la Nouvelle-Angleterre.