Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/286

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propre satisfaction, et quittant une place qu’il trouvait si agréable, il prit une lumière et entra dans le sanctuaire. Après avoir allumé tous les cierges, ouvert son livre, et s’être revêtu de ses ornements sacerdotaux, le docteur, dont tous les traits avaient pris un air de solennité convenable, attendit avec dignité le jeune couple qu’il devait unir. Job, qui s’était placé modestement de côté et dans l’ombre, regardait l’attitude et l’aspect imposant du prêtre avec toute la crainte respectueuse d’un enfant.

En ce moment, un petit groupe sortant de la partie la plus éloignée et la plus obscure de l’église s’avança lentement vers l’autel. Cécile ouvrait la marche, appuyée sur le bras que Lionel lui avait offert, moins encore par galanterie que pour soutenir ses pas tremblants. Elle avait ôté dans le vestibule de la chapelle les vêtements extérieurs qui l’avaient préservée du froid, et sa toilette noble et simple, quoique faite avec précipitation, était en harmonie avec la cérémonie qui se préparait. Une pelisse de satin blanc, bordée de riches fourrures, tombait négligemment sur ses épaules, et ne cachait qu’à demi sa taille svelte et élancée. Sa robe, de même étoffe, était taillée d’après la mode du temps, de manière à dessiner tous les contours d’une tournure charmante. Deux rangs d’une superbe dentelle garnissaient le haut de la robe, et descendaient jusqu’au bas en s’éloignant graduellement l’un de l’autre. Mais cette mise à la fois distinguée et simple (simple pour un jour aussi solennel) était tout à fait perdue ; car, en la voyant, il était impossible de remarquer autre chose que sa beauté et la douce mélancolie répandue surtout son maintien.

En approchant du prêtre, Cécile, par un mouvement gracieux, jeta sa pelisse sur la balustrade peu élevée qui entourait le sanctuaire, et accompagna Lionel jusqu’au pied de l’autel, d’un pas plus ferme qu’auparavant. Ses joues étaient pâles, plutôt par l’effet de l’émotion que de la crainte, tandis que ses yeux exprimaient la plus vive tendresse. Des deux aspirants à l’hymen, elle montrait, sinon le plus de calme, au moins le plus d’unité de pensées et le moins de distraction ; car, tandis que les regards de Lionel erraient avec inquiétude dans les coins les plus reculés de l’église, comme s’il eût craint de voir sortir de l’obscurité quelque objet effrayant, ceux de Cécile étaient fixés sur le prêtre avec une douce et pieuse attention.

Agnès et Polwarth les accompagnaient seuls, et à peine étaient-