Lorsque les exclamations horribles de la mourante eurent cessé, un calme si profond régna dans l’appartement, que les murmures du vent qui sifflait au milieu des toits de la ville y pénétrèrent, et pouvaient être pris dans un pareil moment pour les gémissements des esprits célestes sur une fin aussi épouvantable.
CHAPITRE XXIV.
écile avait quitté la chambre de Mrs Lechmere pour tâcher
de retrouver le calme qu’elle avait perdu. Retirée dans la sienne et
prosternée à genoux, elle adressa de ferventes prières à celui qui
pouvait seul l’aider à supporter le fardeau d’une douleur qui
accablait sa jeune inexpérience. Jusque alors, heureuse et tranquille,
elle ne l’avait invoqué que faiblement, et sa dévotion n’avait
été qu’extérieure ; maintenant que le malheur l’éprouvait, elle
sentait le besoin de consolations divines, et elle ne les implora pas
en vain. Son âme s’éleva par les communications intimes qu’elle
venait d’avoir avec son Dieu ; le calme solennel qui l’entourait se
communiqua à son cœur, et elle se prépara enfin à aller reprendre
sa place au chevet du lit de sa grand’mère.
En passant de sa chambre dans celle de Mrs Lechmere, elle entendit la voix d’Agnès en bas, qui donnait les ordres nécessaires aux domestiques pour le repas de noce, et elle s’arrêta un instant pour s’assurer que tout ce qui venait de se passer si récemment n’était autre chose qu’un jeu de son imagination en délire. Elle jeta un coup d’œil sur sa parure qui, toute modeste qu’elle fût, n’était pas celle de tous les jours ; elle frissonna en se rappelant cette apparition d’un si funeste présage, et arriva enfin à l’effrayante réalité qui se présentait à son esprit nue et dans toute son horreur. Après avoir posé sa main sur la porte, elle prêta