Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/311

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mon garçon. — Shearflint ! où êtes-vous donc, mauvais drôle ? donnez-moi ma jambe à l’instant.

Dès que son valet entendit cet ordre, il entra dans la chambre, et comme il était plus au fait que Meriton des mystères de la toilette de son maître, le capitaine fut bientôt équipé de pied en cap.

Pendant qu’il s’habillait, il continua à interroger Meriton sur les évènements qui semblaient s’être passés dans Tremont-Street ; mais les réponses du pauvre diable étaient si embrouillées qu’il lui fut impossible d’y rien comprendre. Dès que sa toilette fut terminée, il s’enveloppa dans son manteau, et prenant le bras du valet, il brava la pluie et la neige pour se diriger tant bien que mal vers l’endroit où on disait que la belle Agnès Danforth l’attendait avec impatience, et malgré sa jambe de bois il marchait avec une ardeur chevaleresque qui, dans un autre siècle et dans des circonstances difficiles, lui aurait valu le surnom de héros.



CHAPITRE XXV.


Fière noblesse ! que tu parais petite à présent !
Blair



Malgré la diligence extraordinaire que le capitaine avait faite pour obéir à l’appel inattendu de la jolie capricieuse à laquelle il faisait depuis si longtemps la cour, sans beaucoup de succès en apparence, il ralentit le pas en approchant de la maison de Tremont-Street, pour regarder les lumières qu’on voyait briller au travers des fenêtres. Arrivé sur le seuil, il s’arrêta et écouta le bruit des portes qu’on ouvrait et qu’on fermait, et tous ces sons distincts et pourtant étouffés qui annoncent que le sombre monarque vient de visiter les demeures des malades. Enfin il se décida à frapper. Personne ne lui répondit, et il fut obligé de dire à Meriton de le conduire dans le petit parloir où il était venu si souvent dans des circonstances plus propices.

Il y trouva Agnès qui attendait son arrivée ; elle avait un air