Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/372

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tude sur le lieu où elle était conduite. Entièrement occupée du motif important qui l’avait déterminée à quitter Boston, elle dévoua alors toutes ses facultés au soin de chercher à découvrir la moindre circonstance qui pourrait tendre à déjouer ses projets. Elle marchait si légèrement sur l’herbe brûlée par la gelée, qu’il eût été impossible d’entendre le bruit de ses pas, et plus d’une fois elle fut tentée d’engager ses compagnons à en faire autant, afin qu’aucun danger ne pût se présenter à l’imsproviste. Enfin ses doutes furent soulagés, quoique avec une augmentation de surprise, en entendant un bruit sourd de roues qui annonçait l’approche de voitures marchant lentement sur la terre gelée. Un moment après ses yeux confirmèrent le témoignage de ses oreilles, et la clarté de la lune lui permit de voir qu’elle ne s’était pas trompée dans ses conjecturas.

Ses guides changèrent alors de dessein et se retirèrent avec leurs prisonniers sous l’ombre d’un grand pommier qui était à quelques pas de la ligne que suivaient évidemment les voitures qui approchaient. Ils restèrent quelques minutes dans cette position, observant avec attention tout ce qui se passait.

— Le feu de nos gens a éveillé les Anglais, dit l’un d’eux, et tous les yeux sont maintenant tournés vers les batteries.

— Oui, et cela n’en vaut que mieux, répondit l’autre ; mais si le vieux mortier de cuivre, le Congrès, n’avait pas crevé hier, ils auraient entendu un tapage bien différent ; Avez-vous jamais vu le vieux Congrès ?

— Non, je n’ai jamais vu le vieux mortier, mais j’ai vu cinquante fois les bombes qu’il lançait, et c’était une chose effrayante, surtout par une nuit obscure. Mais silence ! les voici.

Un corps nombreux d’infanterie arriva en ce moment, et défila près d’eux dans le plus profond silence en suivant les montagnes et en se dirigeant vers les rives de la péninsule. Tous ceux qui le composaient étaient vêtus et équipés à peu près comme ceux qui avaient reçu Cécile. Deux ou trois étaient à cheval, et leur costume plus militaire annonçait des officiers de haut rang. Venait ensuite un grand nombre de chariots qui prirent la route qui conduisait directement aux hauteurs voisines. Ils étaient suivis d’un second corps de troupes encore plus nombreux que le premier, marchant dans le même silence, et avec l’air grave d’hommes occupés de la plus importante entreprise. L’arrière-garde se com-