CHAPITRE XXX.
énorme cocarde blanche qui couvrait presque tout un côté
du petit chapeau de son nouveau conducteur, fut le seul indice qui
apprit à Cécile qu’elle était confiée aux soins d’un homme qui
occupait le grade de capitaine parmi les colons armés pour la
défense de leurs droits. Toutes les autres parties de son costume
n’avaient rien de militaire, si l’on en excepte un grand sabre suspendu
à son côté, et dont la garde en argent, la dimension formidable,
pouvaient faire croire qu’il avait été porté par quelqu’un
de ses ancêtres dans les anciennes guerres des colonies. Celui qui
en était alors propriétaire n’avait pourtant pas l’humeur belligérante
que cette arme redoutable semblait indiquer ; car il prit
tous les soins possibles de sa prisonnière, et lui témoigna toutes
les attentions imaginables.
Au pied de la hauteur, ce galant demi-militaire mit en réquisition un chariot qui s’en retournait à vide, et, après quelques préparatifs nécessaires, Cécile se trouva assise près de lui sur un banc suspendu par des courroies, tandis que l’inconnu, Meriton et ses deux premiers gardes étaient assis sur les planches au fond de la voiture. Leur marche fut d’abord lente et difficile, plusieurs centaines de chariots qui s’en retournaient obstruant le chemin à chaque pas ; mais quand ils furent une fois sur la route de Boxbury, ils avancèrent plus rapidement. Tandis qu’ils avaient à traverser une ligne de chariots qui paraissait interminable, l’officier donna toute son attention à cette manœuvre importante ; mais quand cet obstacle n’exista plus, il ne négligea pas ces petits soins que, depuis un temps immémorial, une jolie femme a le droit d’obtenir des hommes de sa profession.
— N’épargnez pas le fouet, dit-il au conducteur dès que la foule des voitures commença à diminuer. Allez grand train, par