Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/386

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— Son caractère ! répéta Cécile en tressaillant de nouveau.

— Oui, son caractère ; mes paroles sont assez claires, je crois. N’est-il pas l’ennemi mortel et obstiné de la liberté ? Croyez-vous que nos concitoyens soient assez insensés pour souffrir qu’un homme comme lui se promène librement dans leur camp ? Non, non, ajouta-t-il avec un sourire de triomphe, il s’est exposé comme un fou à son destin, et il le subira sans rémission. Avançons, la maison n’est qu’à un pas d’ici, et vous pourrez le mander devant vous, si vous le désirez.

Cécile fut plutôt entraînée par son compagnon que déterminée à le suivre, et, comme il le lui avait dit, ils s’arrêtèrent bientôt devant une humble habitation, dans une situation retirée, à la porte de laquelle était un soldat sous les armes, tandis qu’on voyait une sentinelle se promener un peu plus loin, preuve qu’on veillait avec soin sur ceux qui s’y trouvaient.

— Avancez ! dit Ralph en ouvrant la porte d’entrée sans hésitation.

Cécile obéit, mais elle ne fut pas peu surprise en trouvant dans le vestibule un autre homme armé d’un mousquet. Il paraissait régner une grande familiarité entre cette sentinelle et Ralph, car elle lui dit avec un air de grande liberté :

— N’a-t-on pas encore reçu d’ordre de Washington ?

— Non, répondit Ralph, et ce délai me porte à croire qu’il n’y a rien de très-favorable à attendre.

Ouvrant alors une autre porte, il se tourna vers Cécile, et lui dit :

— Entrez !

Cécile obéit encore ; la porte se ferma à l’instant ; mais avant qu’elle eût eu le temps de se livrer à la surprise ou à l’inquiétude, elle se trouva dans les bras de son époux.