semblait reprendre son influence. Ses traits perdirent leur air de satisfaction farouche, et il regardait avec une expression de tendresse paternelle le couple désolé qui prenait à lui un si vif intérêt. Il fit un effort pour parler ; on vit frémir ses lèvres, mais aucun son ne put sortir de sa bouche. Il étendit les bras pour donner sa bénédiction à ses enfants, dans la même attitude que l’ombre mystérieuse qui avait paru dans la chapelle, et au même instant il tomba à la renverse et sans vie, sur le corps du fils aîné qu’il avait si longtemps négligé.
CHAPITRE XXXIV.
ès que le jour parut, la garnison de Boston se mit en mouvement,
et l’on remarqua le même tumulte, la même activité, la
même ardeur dans les uns, la même indifférence dans les autres,
qu’on avait vu régner le jour de la bataille qui avait eu lieu l’été
précédent. Le caractère orgueilleux du commandant en chef ne
pouvait supporter la vue des colons déjà établis sur les hauteurs
de Dorchester et travaillant à s’y fortifier ; dès le point du jour il
donna des ordres pour les en déloger. Tous les canons qu’on put
pointer contre ces montagnes furent employés pour molester les
Américains, qui n’en continuèrent pas moins leurs travaux, tandis
que les boulets sifflaient autour d’eux de toutes parts. Dans la
soirée, des forces considérables furent embarquées pour renforcer
la garnison du château. Washington parut en personne sur les
hauteurs, et toutes les dispositions militaires annoncèrent qu’on
se préparait d’une part à une attaque vigoureuse, de l’autre à une
résistance déterminée.