Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/75

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ordres du ministère. On jugea que la force armée était nécessaire pour les intimider, et l’on retira des troupes de différentes parties des provinces pour les concentrer à Boston[1]. Au commencement de 1774, le pouvoir exécutif fut remis entre les mains d’un gouverneur militaire, et l’autorité voulut prendre une attitude plus menaçante. Un des premiers actes de ce gouverneur, qui occupait le rang élevé de lieutenant-général, et qui commandait toutes les forces du roi en Amérique, fut de dissoudre l’assemblée coloniale. Vers la même époque une nouvelle charte fut envoyée en Angleterre, et un changement matériel commença à s’opérer dans la politique du gouvernement des colonies.

Depuis ce moment l’autorité du roi, sans être contestée, fut suspendue dans la province. On élut de nouveaux délégués, et un congrès s’assembla à sept lieues de la capitale. Il décréta successivement les mesures que l’urgence des circonstances semblait rendre indispensables. Des milices furent formées ; on les disciplina, on les arma aussi bien que l’état de la colonie put le permettre. Ces milices, composées de l’élite des habitants, avaient quelque habitude du maniement des armes, et du reste leur enthousiasme suppléait à leur peu d’expérience.

D’après la nature des services qu’on attendait de ces troupes, on leur donna assez justement la dénomination d’hommes à la minute. On s’occupa en même temps de rassembler des munitions de guerre, et chacun s’y prêtait avec un zèle qui annonçait le caractère de la lutte qui se préparait.

De son côté le général Gage ne restait pas dans l’inaction. Il employait tous les moyens qui étaient en son pouvoir pour empêcher les colons de former des magasins, et il cherchait à se fortifier dans sa position. La situation naturelle de la place qu’il occupait lui rendait ce dernier point facile.

Entourée d’eau de toutes parts, excepté du côté de l’isthme qui la joint au continent, ayant son triple rang de collines qui ne sont commandées par aucune éminence adjacente, la péninsule de Boston, défendue par une garnison suffisante que soutenait une flotte nombreuse, pouvait aisément devenir imprenable. Mais le général anglais se contente d’ériger quelques ouvrages de peu d’importance, car il savait que tout le parc d’artillerie des colons

  1. Les Américains contestaient au roi le droit d’entretenir des troupes parmi eux en temps de paix, sans le consentement de leur propre législature.