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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/74

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taient aux tentatives inconstitutionnelles du ministère) se trouvant en majorité, élurent des délégués qui devaient se réunir en congrès pour discuter les moyens les plus propres à assurer les intérêts communs. Dans une ou deux provinces où ils étaient en plus petit nombre, et où l’opinion publique ne se trouvait plus suffisamment représentée, le peuple résolut de substituer son autorité à celle des délégués du roi de la Grande-Bretagne. Il se forma dans son sein des assemblées qui, bien différentes des réunions de conspirateurs, se distinguaient par la plus grande pureté d’intention, et qui, soutenues par l’enthousiasme dont les esprits sont animés au commencement d’une révolution, acquirent une influence que par la suite leurs successeurs plus légalement constitués n’eurent pas à un aussi haut degré. Leurs actes avaient toute la validité des lois, sans en avoir l’odieux ; et tandis que, comme organes de leurs concitoyens, ces comités continuaient à adresser au gouvernement des pétitions et des remontrances, ils ne manquaient pas de s’opposer, par tous les moyens qui leur semblaient les plus efficaces, aux mesures vexatoires du ministère.

Bientôt il se forma parmi le peuple une association pour la stricte exécution d’un arrêté qu’ils avaient pris, et qui défendait — toute importation, toute exportation, toute consommation, — qui pût être favorable à l’Angleterre. Ces expédients négatifs étaient les seuls auxquels il leur fût constitutionnellement permis d’avoir recours[1] ; car ils avaient toujours grand soin de ne point dépasser les limites que les lois avaient posées aux droits des sujets. Sans commettre aucun acte de résistance ouverte, ils ne négligeaient aucun moyen pour se préparer à tout événement en cas de besoin. C’est ainsi qu’un sentiment d’opposition et de mécontentement se répandait de plus en plus dans les provinces, tandis que dans celle de Massachusetts, où se passe plus immédiatement notre histoire, une accumulation de circonstances semblait accélérer encore davantage l’instant de la catastrophe.

Aux motifs généraux qui formaient la base de la grande contestation il se joignait, dans plusieurs endroits, différentes causes de plaintes locales, et nulle part ces sujets de plaintes n’avaient été plus multipliés que dans la ville de Boston. Les Bostoniens s’étaient signalés les premiers par une résistance ouverte aux

  1. Aucun traité de commerce ne fut accordé aux Américains jusqu’à la paix de 1783.