CHAPITRE XI.
algré les efforts réunis de Richard et de Benjamin, la
chambre longue n’était qu’un temple fort simple qui devait peut
de chose à l’art. Des bancs, qui n’avaient pas même été rabotés,
mais disposés pour qu’on pût simplement s’y asseoir, remplissaient,
toute la longueur de cette salle, à l’exception du centre qui
restait vide. Le tiers de cet espace, à partir du mur, était entouré
d’une balustrade dont le travail n’était pas plus fini que celui des
bancs, et destiné à servir de chaire au ministre. En face et au
milieu de ce rostrum s’élevait, appuyée sur la balustrade, une
espèce de lutrin, ou pour mieux dire de pupitre ; et un peu plus
loin une petite table d’acajou, venant de la grande maison, et couverte d’une nappe de damas bien blanche, tenait lieu d’autel. Les
murailles, grossièrement badigeonnées, étaient ornées de festons en
branches de pins et d’autres arbres verts, ouvrage mystérieux
de Richard et de Benjamin. Cette grande pièce n’étant éclairée que
par douze ou quinze misérables chandelles, la clarté qui y régnait
était principalement due au bon feu qu’on avait eu soin d’allumer dans deux immenses cheminées situées à chaque extrémités.
Les deux sexes étaient séparés, chacun occupant un des bouts de la salle. Vis-à-vis de l’enceinte destinée au ministre, on voyait quelques bancs qui devaient être remplis par les personnages les plus distingués du village et des environs, distinction qui était plutôt une concession gratuite faite par la classe la plus humble de la communauté, qu’un droit réclamé par le petit nombre d’individus qu’elle favorisait. Le juge Temple, sa fille et leurs amis se placèrent sur le premier ; mais, à l’exception du docteur Todd, personne ne voulut s’exposer au reproche d’orgueil, en prenant place dans ce qui était à la lettre le haut lieu dans le tabernacle.
Richard, exerçant les fonctions de clerc de ministre, remplis-