entendre sous les arbres à quelque distance, chantant quelques couplets de cette chanson inimitable, dont les vers, si on les plaçait l’un au bout de l’autre, s’étendraient depuis les eaux du Connecticut jusqu’aux rives de l’Outario, et qui se chante sur cet air connu, jadis fait en dérision de la nation américaine, mais que les circonstances lui ont rendu ensuite si glorieux, que nul Américain ne peut en entendre une note sans un tressaillement de cœur.
<poem> On voit à l’est des États populeux, Mais à l’ouest, des forêts, des montagnes ; On porte envie à nos troupeaux nombreux, Et le commerce enrichit nos campagnes.
Coulez, coulez, sucs précieux, Venez bouillir dans ma chaudière ; Je ne fermerai pas les yeux Sans vous avoir changés en pierre.
L’érable ici nous fournit à la fois Couvert et feu, boisson et nourriture ; Et pour sucrer notre thé dans ces bois, Nous lui faisons au cœur une blessure.
Coulez, coulez, sucs précieux, etc.
Qu’est-ce que l’homme sans liqueur ? Sans le thé que serait la femme ? Mais sans ce miel plein de douceur La liqueur et le thé ne sont rien, sur mon âme.
Coulez, coulez, sucs précieux, Venez bouillir dans ma chaudière ; Je ne fermerai pas les yeux Sans vous avoir changés en pierre[1].
- ↑ Nous allons traduire ici le sens plus littéral de ces vers :
« Les États de l’est sont peuplés d’hommes, ceux de l’ouest peuplés de bois, Monsieur. Les montagnes sont comme un parc à bestiaux, les routes couvertes de marchandises, Monsieur.
« Eh ! allons, coulez, ma douce sève, et je vous ferai bouillir ; je ne goûterai même pas le court sommeil du bûcheron, de peur de vous laisser refroidir.
« L’érable est un arbre précieux ; il fournit le chauffage, un aliment et le bois de construction, et après vos travaux d’un jour pénible, son suc vous égaiera le cœur.
« Eh ! allons, coulez, etc.
« Qu’est-ce que l’homme sans son vin et la femme sans son thé, Monsieur ? mais ici la table ni le verre ne vaudraient rien sans cette abeille, Monsieur.
« Eh allons, coulez, ma douce sève, et je vous ferai bouillir ; je ne goûterai même pas le court sommeil du bûcheron, de peur de vous laisser refroidir. »
Voyez à la fin de ce volume la note sur l’érable à sucre.