de mon fusil, car… Le bruit qu’il fit en fermant la porte ne permit pas d’entendre la fin de sa phrase…
CHAPITRE XXIX.
ous avons laissé Marmaduke et son cousin tous deux à cheval
pour une excursion que le shérif n’avait pas vu retarder sans
regret. Tout occupé de ses grands projets, il avait un air d’importance
qui ne permettait guère au juge d’entamer une conversation
gaie, et ils firent environ un mille en gardant un profond
silence.
— Eh bien ! Dickon, dit enfin M. Temple, puisque j’ai consenti à vous suivre sans savoir où nous allons et pourquoi vous m’y conduisez, il me semble que le moment est arrivé de me faire une confidence entière. Quel est le but de ce voyage que nous faisons d’un air si solennel ?
Le shérif toussa avec tant de force, qu’il fit retentir les échos de la forêt dans laquelle ils venaient d’entrer ; et, tenant ses yeux fixés sur les objets qui se trouvaient devant lui, comme un homme qui veut percer à travers les régions obscures de l’avenir, il répondit ainsi qu’il suit :
— Je puis dire, cousin ’Duke, que depuis notre naissance il y a toujours eu un point de différence entre nous. Ce n’est pas que je veuille vous en rendre responsable ; car il est aussi injuste de condamner les défauts naturels d’un homme, que de faire l’éloge des avantages naturels d’un autre. Mais il est certain que nous avons différé en un point depuis l’instant de notre naissance, et vous savez que vous n’êtes mon aîné que de deux jours.
— Je ne conçois vraiment pas, Richard, quel peut être ce point, car, à mon avis, nous différons si matériellement, et en tant de choses…
— Ce ne sont que des conséquences dérivant d’une même cause,