Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 6, 1839.djvu/327

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d’environ trois pieds de hauteur, et garnie par-devant d’une petite balustrade, était un banc adossé contre le mur, destiné aux juges ; la place du centre, réservée au président, était marquée par deux bras qu’on y avait ajoutés, pour lui donner l’air d’un fauteuil. En face, de niveau avec le plancher d’une autre partie de la salle, était une table couverte d’une serge verte, et entourée de bancs pour l’usage des procureurs et hommes de loi. À droite étaient les bancs des jurés, à gauche celui des accusés. Cet espace était encore fermé par une balustrade. Le reste de la salle était abandonné aux spectateurs.

Nous ne fatiguerons pas nos lecteurs du détail des affaires qui occupèrent la cour pendant les deux premières heures de cette séance. Quand les juges se furent assis, que les procureurs eurent pris place autour de la table, et que le shérif eut ordonné le silence, on fit les proclamations d’usage ; après quoi le juge Temple invita les douze citoyens composant le grand jury[1] à se retirer dans une pièce voisine pour délibérer sur les actes d’accusation qui leur seraient soumis. La cour s’occupa ensuite de quelques affaires civiles ; après quoi le chef du grand jury, rentrant dans la salle, remit au président deux décrets d’accusation sur lesquels M. Temple remarqua sur-le-champ le nom de Natty Bumppo. Il fit un signe au shérif, lui dit quelques mots à l’oreille ; celui-ci donna ses ordres à ses officiers, qui sortirent de la salle et y rentrèrent bientôt amenant Bas-de-Cuir, qu’ils placèrent sur le banc des accusés entre deux constables. Un silence si profond s’établit en ce moment dans l’auditoire, qu’on pouvait entendre le bruit de la respiration de l’accusé.

Natty portait ses vêtements ordinaires de peau de daim, dont nous avons déjà fait ailleurs la description ; mais comme il se passait d’habit pendant la chaleur de l’été, la partie supérieure de son corps n’était couverte que d’une chemise de grosse toile, qui laissait à découvert son cou brûlé par le soleil. C’était la première fois qu’il voyait une cour de justice, et la curiosité semblait être le sentiment qui dominait le plus en lui en ce moment. Il regarda tour à tour les juges, les jurés, les procureurs, la foule, et partout il voyait les regards attachés sur lui. Il tourna alors ses yeux sur lui-même comme pour voir s’il offrait quelque chose

  1. Le jury d’accusation.