CHAPITRE XXXIX.
a pluie qui tomba presque sans interruption pendant le reste
de la journée, arrêta complètement le progrès des flammes. On
vit pourtant quelques restes de feu briller la nuit suivante sur
diverses parties de la montagne, dans les endroits ou l’élément
destructeur avait trouvé le plus d’aliments. Le lendemain, dans
une étendue de plusieurs milles, les arbres étaient couverts d’une
écorce noire et fumaient encore. Il ne restait dans la forêt ni bois
mort ni broussailles ; cependant les pins et les chênes élevaient
encore dans les airs leur tête majestueuse, et parmi les autres
arbres il s’en trouvait même qui conservaient une apparence de
vie et de végétation.
Les cent bouches de la renommée s’occupaient à répandre cent bruits différents sur la manière miraculeuse dont Élisabeth avait été sauvée, et l’on croyait généralement que le vieux Mohican avait péri dans l’incendie. Cette version parut encore plus probable quand on apprit que Jotham Biddel avait été trouvé dans un état de suffocation dans le trou qu’il avait creusé, et qu’il était si maltraité par le feu qu’on ne conservait aucune espérance.
Pendant la nuit qui suivit l’incendie de la forêt, les faux monnayeurs, qui avaient été condamnés, profitant de l’exemple que leur avaient donné Natty et Benjamin, parvinrent aussi à s’échapper, et cet événement augmenta l’agitation générale. Doolittle et Jotham avaient parlé de la caverne qu’ils avaient découverte sur la montagne de la Vision ; on supposa qu’elle pourrait servir de retraite à ces malfaiteurs, et l’on ne s’entretint plus que de la