Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 6, 1839.djvu/402

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mais j’ai la consolation d’être sûr qu’il me l’a rendue avant de mourir, car mon agent m’a mandé qu’il avait lu la dernière lettre que je lui ai adressée en Angleterre. Il est mort mon ami, Olivier, et je croyais que vous étiez mort avec lui.

— Notre pauvreté ne nous permettait pas de payer deux passages. Il me laissa en Amérique, et lorsque j’appris la triste nouvelle de sa mort, je me trouvais presque sans argent.

— Et que fîtes-vous alors, mon pauvre Olivier ?

— Je me rendis dans le Connecticut pour y chercher mon aïeul, car je savais que la mort de mon père le laissait sans aucune ressource. Je ne l’y trouvai plus, et ce ne fut pas sans peine que j’arrachai au misérable qui l’avait abandonné dans sa détresse l’aveu qu’il était parti avec un de ses anciens serviteurs. Je ne doutais pas que ce ne fût Natty, car mon père m’avait dit bien souvent…

— Natty était-il donc au service de votre aïeul ?

— Ne le saviez-vous pas ?

— Comment l’aurais-je su ? Jamais je n’avais vu le major : jamais je n’avais entendu prononcer le nom de Bumppo. Je ne le connaissais que comme un homme vivant dans les bois, du produit de sa chasse, et ce n’était pas une chose assez extraordinaire dans ce pays pour exciter la surprise.

— Il avait été élevé dans la maison de mon aïeul ; il avait fait avec lui toutes ses campagnes, et comme il aimait à vivre seul et dans les bois, il avait été laissé comme une espèce de locum tenens sur les domaines que le vieux Mohican, à qui mon aïeul avait sauvé la vie dans une bataille, avait déterminé les Delawares à lui abandonner, lorsqu’ils le reçurent comme chef honoraire dans leur tribu.

— Et telle est l’origine de votre sang indien ?

— Je n’en ai point d’autre. Le major Effingham fut adopté par le vieux Mohican, qui était alors le chef le plus distingué de sa nation. Mon père, dans son enfance, en reçut le nom d’Aigle, à cause, m’a-t-on dit, de la conformation de son visage, et Mohican ne m’en a jamais donné d’autre. C’est pour cette raison qu’il me nommait un Delaware, et j’ai vu le moment, monsieur Temple, où j’aurais désiré l’être véritablement.

Le jeune homme cessant de parler : — Continuez votre récit, lui dit Marmaduke.