Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 6, 1839.djvu/420

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est recherché par les ébénistes, qui le débitent ordinairement en feuilles très-minces pour les plaquer sur d’autres bois, et même sur de l’acajou.

« L’érable à sucre fournit un excellent bois de chauffage ; il brûle en produisant beaucoup de chaleur, et ses cendres, riches en principes alcalins, fournissent beaucoup de potasse. Son charbon est très-estimé aux États-Unis pour les forges.

« Le sucre qu’on fabrique avec la sève de cet érable est d’une assez grande importance dans certaines parties de l’Amérique, et il est d’une grande ressource pour les habitants qui, placés à une distance éloignée des ports de mer, vivent dans les cantons où cet arbre abonde ; car, dans ce pays, toutes les classes de la société font un usage journalier de thé et de café. Nous allons donner la méthode suivie dans les États-Unis pour l’extraction de cette sève et la fabrication du sucre, en abrégeant autant que possible ce que dit à ce sujet M. André Michaux, dont l’ouvrage contient des notions si exactes et si étendues sur tous les arbres forestiers de l’Amérique du nord.

« Le procédé qu’on suit généralement pour obtenir cette espèce de sucre est très-simple, et il est à peu de chose près le même dans tous les lieux où on le pratique. C’est ordinairement dans le courant de février ou dans les premiers jours de mars qu’on commence à s’occuper de ce travail, époque où la sève entre en mouvement, quoique la terre soit encore couverte de neige, que le froid soit très-rigoureux, et qu’il s’écoule presque un intervalle de deux mois avant que les arbres entrent en végétation. Après avoir choisi un endroit central, eu égard aux arbres qui doivent fournir la sève, on élève un appentis désigné sous le nom de sugar camp (camp à sucre) : il a pour objet de garantir des injures du temps les chaudières dans lesquelles se fait l’opération, et les personnes qui la dirigent. Une ou plusieurs tarières d’environ neuf lignes de diamètre ; de petits augets destinés à recevoir la sève ; des tuyaux de sureau ou de sumac, de huit à dix pouces, ouverts sur les deux tiers de leur longueur et proportionnés à la grosseur des tarières ; des seaux pour vider les augets et transporter le sucre au camp ; des chaudières de la contenance de quinze ou seize gallons (soixante à soixante-quatre litres) ; des moules propres à recevoir le sirop arrive au point d’épaississement convenable pour être transporté en pains ; enfin, des haches pour couper et fendre le combustible, sont les principaux ustensiles nécessaires à ce travail.

« Les arbres sont perforés obliquement, de bas en haut, à dix-huit ou vingt pouces de terre, de deux trous faits parallèlement, à quatre ou cinq pouces de distance l’un de l’autre ; il faut avoir l’attention que la tarière ne pénètre que d’un demi-pouce dans l’aubier, l’observation ayant appris qu’il y avait un plus grand écoulement de sève à cette profondeur que plus ou moins avant. On recommande encore et l’on est dans l’usage de les percer dans la partie de leur tronc qui correspond au midi ; cette pratique, quoique reconnue préférable, n’est cependant pas toujours suivie.

« Les augets, de la contenance de deux ou trois gallons (huit à douze litres), sont faits de pin blanc, de frêne blanc, d’érable ou de mûrier, suivant les cantons. On évite de se servir du châtaignier, du chêne, et surtout du noyer noir, parce que la sève se chargerait facilement de la partie colorante et même d’un certain degré d’amertume dont ces bois sont imprégnés. Un auget est placé à terre au pied de chaque arbre pour recevoir la sève qui découle par les deux tuyaux introduits dans les trous faits avec la tarière ; elle est recueillie chaque