Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 6, 1839.djvu/61

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à la première vue, ne semblait faite que pour l’amour ; mais dès que ses lèvres s’entrouvraient, on admirait combien l’accent de sa voix avait d’aisance, de grâce et de dignité. Sa physionomie charmante n’avait pas un moindre attrait ; elle était l’image vivante de sa mère, et tenait d’elle une taille avantageuse, sans être trop grande, un embonpoint assez remarquable pour son âge, et la parfaite symétrie de tous ses membres. Elle lui devait aussi des sourcils bien arqués, des yeux pleins de feu, et les longs cils qui les bordaient. Il y avait aussi dans sa physionomie l’expression de celle de son père ; elle était naturellement pleine de douceur et de bienveillance, mais elle pouvait s’animer, et c’était alors une beauté imposante.

Lorsqu’elle eut ôté son dernier châle, elle resta couverte d’une robe à monter à cheval, du plus beau drap bleu, qui flattait encore sa taille ; ses joues donnaient naissance à des roses que la chaleur de la salle ne rendait que plus vives, et ses yeux encore un peu humides, par suite du froid qu’elle avait éprouvé pendant le voyage, n’en brillaient qu’avec plus d’éclat.

Chacun s’étant débarrassé de ses vêtements extraordinaires, Marmaduke parut en habit complet de drap noir uni ; M. Le Quoi, en habit de couleur de tabac, en gilet brodé, en culottes et bas de soie, et en souliers à boucles ; le major Hartmann, en bottes, en perruque à queue, et en habit bleu de ciel, et M. Richard Jones, en frac boutonné sur sa taille bien arrondie, et ouvert sur la poitrine, de manière à laisser apercevoir un gilet de drap rouge qui en couvrait un second en flanelle, bordé de velours ; il portait des culottes de daim, des bottes à revers et des éperons.

Élisabeth, plus légèrement vêtue, eut enfin le loisir de jeter un coup d’œil sur l’appartement dans lequel elle se trouvait, et si l’ameublement n’en était pas du meilleur goût, du moins tout y était de la plus grande propreté, et il n’y manquait rien de ce qui pouvait être agréable ou commode. Ses yeux n’avaient pas encore eu le temps de s’arrêter sur les petits défauts qu’elle aurait pu apercevoir, quand ils rencontrèrent un objet qui formait un contraste frappant avec le visage joyeux des personnages qui s’étaient réunis pour célébrer le retour de l’héritière de Templeton chez son père.

Dans un coin de la salle, près de la grande entrée, était le jeune chasseur que tout le monde semblait avoir oublié, et qui parais-