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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/239

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les moyens plus doux de la conciliation. Comme c’était un sujet dans lequel tous avaient un intérêt égal, il posa la question comme à un conseil de guerre, et non sans montrer quelques restes d’une fierté militante qui n’était pas encore entièrement éteinte ; Paul et le docteur furent diamétralement opposés l’un à l’autre en opinion ; le premier demandant un appel aux armes à l’instant même, le second épousant aussi chaudement la mesure politique d’une tentative de pacification. Middleton voyant qu’il était à craindre que la discussion ne s’échauffât et ne devînt trop bruyante entre des hommes dominés par des sentiments si différents, jugea à propos de se charger du rôle de tiers arbitre, ou plutôt de décider la question en vertu de son rang, qui lui donnait la voix prépondérante. Il se déclara donc pour la paix, car il voyait évidemment que, d’après la grande supériorité de nombre de leurs ennemis, tout acte de violence serait une imprudence qui attirerait leur perte.

Le Trappeur écouta les raisonnements du jeune militaire avec beaucoup d’attention, car il les développait avec le ton ferme d’un homme sur le jugement duquel la crainte n’exerce aucune influence, et ils ne manquèrent pas de produire une impression convenable.

— Cela est raisonnable, dit le vieillard quand Middleton eut fini de parler, très-raisonnable ; car ce que l’homme ne peut faire par sa force, il faut qu’il en vienne à bout par son esprit. C’est pour cela qu’il faut qu’il soit plus fort que le buffle et plus agile que l’élan. Restez ici tous, et tenez-vous bien cachés. Ma vie et mes trappes sont de bien peu de valeur ; quand il y va de la sûreté de tant de chrétiens. Je vais donc me rendre seul dans la Prairies, et il peut se faire que je réussisse à détourner les yeux des Sioux de ce bois, et à vous donner le temps et les moyens de prendre la fuite.

Comme s’il eût résolu de n’écouter aucune remontrance, il appuya sa carabine sur son épaule, et traversant le bois sans faire aucun bruit, il en sortit d’un autre côté, de manière à pouvoir se montrer aux Sioux sans leur donner lieu de soupçonner qu’il venait de le quitter.

Dès l’instant que la figure d’un homme portant les vêtements de chasseur, et ayant en main la carabine bien connue et très-redoutée, parut devant les yeux des Sioux, un mouvement d’agitation visible, quoique soigneusement réprimé, se fit remarquer