Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/247

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croiseurs faire voile sur le sein des mers en approchant d’un riche convoi bien protégé. En un mot, tourte la famille d’Ismaël, c’est-à-dire toute la portion qui était en état de porter les armes, se montra en vue sur la Prairie, évidemment conduite par des motifs de vengeance.

Mahtoree et sa troupe s’éloignèrent du petit bois à pas lents dès qu’ils virent ces deux groupes d’étrangers, et ils s’arrêtèrent sur une colline qui commandait toute la vue de la vaste plaine dans laquelle ils étaient. Là le chef daheotah parut disposé à disputer le terrain et à faire l’essai de ses forces. Malgré cette retraite, pendant laquelle il avait forcé le Trappeur à l’accompagner, Middleton continua à avancer, et il ne s’arrêta que lorsqu’il arriva sur la même colline que les belliqueux Sioux, et à une distance suffisante pour pouvoir se faire entendre. Ismaël, de son côté, s’arrêta dans une position qu’il jugea favorable, mais à une distance beaucoup plus grande ; ces trois groupes auraient pu alors se comparer à trois escadres sur le point de déployer toutes leurs voiles, mais prenant auparavant la louable précaution de reconnaître quels étaient ceux qu’ils devaient regarder comme amis ou comme ennemis.

Pendant ce moment d’incertitude, l’œil noir et menaçant de Mahtoree passait rapidement d’une de ces troupes d’étrangers à l’autre, en faisant l’examen à la hâte, mais avec soin. Jetant alors un grand regard sévère sur le vieillard, il lui dit avec le ton d’une dérision amère et hautaine :

— Les Longs-Couteaux sont fous. Il est plus facile de prendre le couguar endormi que de trouver un Dahcotah aveugle. La tête blanche croit-elle monter sur le cheval d’un Sioux ?

Le Trappeur, qui avait eu le temps de recueillir ses pensées, comprit sur-le-champ que Middleton avait vu Ismaël arriver sur leurs traces, et qu’il avait préféré se fier à l’hospitalité des sauvages, plutôt que de risquer de voir Inez retomber entre les mains de ses ravisseurs. Il chercha donc à préparer les voies pour obtenir à ses amis un accueil favorable, puisqu’il voyait que cette coalition contre nature était devenue nécessaire pour assurer leur liberté et peut-être leur vie.

— Mon frère a-t-il jamais marché sur le sentier de la guerre pour combattre ma nation ? demandant-il d’un ton calme au chef indigné qui attendait sa réponse.

L’aspect menaçant du guerrier teton perdit quelque chose de