Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/371

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par la loi, et offert en spectacle aux femmes et aux enfants des habitations !

— Si telle est l’aversion naturelle que vous avez pour toute espèce de contrainte, vous feriez mieux de la manifester en nous mettant en liberté sans plus attendre, dit Middleton, qui, de même que son compagnon commençait à trouver que la lenteur du vieillard, dont ils avaient, si souvent éprouvé le zèle, était aussi extraordinaire qu’elle était insupportable.

— Je voudrais bien pouvoir le faire, surtout à cause de vous, capitaine, qui, en votre qualité de militaire, trouveriez non seulement du plaisir, mais du profit à examiner plus à votre aise les ruses et les détours d’un combat indien. Quant à notre ami que voici, il importe peu pour lui qu’il le voie d’un peu plus loin, attendu qu’une abeille ne se prend pas de la même manière qu’un sauvage.

— Vieillard, ces plaisanteries sont tout à fait hors de saison ; je pourrais même dire que c’est insulter à notre infortune, et…

— Ah ! voilà bien comme était votre grand-père, toujours chaud, toujours bouillant ! et l’on ne peut s’attendre que le rejeton d’une panthère se traîne à terre comme celui d’un porc-épic. À présent, taisez-vous l’un et l’autre, et ce que je vais dire aura l’air de se rapporter aux manœuvres qui se font là-bas ; cela pourra servir à endormir la vigilance et à fermer les yeux de ceux qui ne les tiennent que trop ouverts lorsqu’il y a quelque acte de cruauté à commettre. Vous saurez donc, en premier lieu, que j’ai tout lieu de croire que ce traître de Teton a laissé l’ordre en partant de nous mettre tous à mort aussitôt que le coup pourra se faire secrètement et sans bruit.

— Juste ciels ! souffrirez-vous que nous soyons égorgés comme des brebis qui ne peuvent se défendre ?

— Silence, capitaine, silence ! une tête chaude ne sert à rien lorsque c’est de l’adresse qu’il faut plutôt que du courage. Ah ! le Pawnie est un noble garçon. Si vous pouviez voir comme il s’éloigne du bord de la rivière pour inviter ses ennemis à la traverser, vraiment cela vous réjouirait le cœur ! et cependant, si j’en crois ma vue qui baisse, ils ne sont qu’un contre deux ! Mais pour en revenir à ce que je disais, il y a peu de bien à retirer de la précipitation et de l’imprévoyance. Les faits sont si clairs qu’ils frapperaient même les yeux d’un enfant. Les sauvages sont partagés