Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/40

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soin et une attention qui prouvaient qu’il savait fort bien prendre toutes ses aises.

— Qu’est-ce, Hector ? dit le Trappeur d’un ton d’amitié, mais en ayant soin cependant de ne parler qu’à demi-voix ; qu’y a-t-il, mon chien ? dites à votre maître, qu’y a-t-il encore ?

Hector répondit par un nouveau gémissement, mais ne quitta pas sa couche. C’en était assez néanmoins pour mettre sur ses gardes un homme aussi expérimenté que le Trappeur. Il parla de nouveau à son chien, et il siffla doucement entre ses dents pour l’encourager à la vigilance. Cependant Hector, comme s’il croyait avoir déjà fait suffisamment son devoir, resta obstinément la tête enfoncée dans l’herbe.

— Un simple indice donné par un semblable ami vaut beaucoup mieux qu’un avis de la part d’un homme, dit tout bas le Trappeur en se dirigeant lentement vers les deux jeunes gens qui, tout entiers à leur conversation, étaient encore trop occupés pour s’apercevoir de son approche ; et il faudrait être fou pour ne pas y avoir égard. — Enfants, ajouta-t-il lorsqu’il fut assez près de ses compagnons pour en être entendu, nous ne sommes point seuls dans ces sombres plaines ; d’autres que nous les parcourent ; ainsi donc, il faut le dire à la honte de notre espèce, le danger est proche.

— Si quelqu’un de ces fils indolents de Skirting Ismaël s’amuse à rôder hors de son camp pendant la nuit, dit le jeune chasseur d’abeilles avec beaucoup de vivacité, et d’un ton qui pouvait aisément passer pour menaçant, son voyage pourrait finir beaucoup plus tôt que ni lui ni son père ne l’ont calculé.

— J’en réponds sur ma vie, ils sont tous au camp, s’écria précipitamment Hélène. Je les ai vus tous endormis, à l’exception des deux qui ont été placés en sentinelles, et ils sont bien changés si, dans ce moment même, ils ne sont pas tous deux plongés dans quelque rêve, faisant la chasse aux dindons ou se battant sur quelque place publique.

— Quelque bête a odeur forte a passé entre le vent et votre chien, bon vieillard, dit le jeune homme ; et c’est ce qui le trouble, ou bien peut-être rêve-t-il aussi. J’avais dans le Kentucky un lévrier qui, au sortir d’un profond sommeil, se mettait aussitôt à courir au loin dans la plaine, et tout cela sur la foi de quelque rêve. Appelez ce pauvre animal, et pincez-lui l’oreille pour vous assurer qu’il est bien éveillé.