Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/420

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prompte et complète. Il ne rencontra pas un seul Sioux sur les terrains de chasse qu’il fut obligé de traverser, et Middleton, ainsi que ses amis, n’aurait pu voyager d’une manière plus paisible au milieu des États. Cœur-Dur eut plusieurs fois l’attention de faire ralentir le pas à sa troupe pour que les femmes pussent suivre sans fatigue. En un mot, les vainqueurs semblaient avoir dépouillé tout sentiment de férocité après le combat, et ils paraissaient disposés à consulter les moindres désirs de leurs nouveaux amis, et à oublier qu’ils faisaient partie de ce peuple avide qui empiétait tous les jours sur leurs droits, et qui, dépouillant les hommes rouges de l’occident de leur fière indépendance, les réduisait à être toujours errants et fugitifs.

Les limites qui nous sont imposées ne nous permettent pas de décrire l’entrée triomphante des vainqueurs. Les transports de joie que fit éclater la tribu furent proportionnés à l’abattement dans lequel elle avait été plongée en croyant avoir perdu son chef. Les mères racontaient avec orgueil la mort honorable de leurs fils ; les femmes proclamaient le courage de leurs époux, et montraient leurs cicatrices, tandis que les jeunes filles indiennes récompensaient les jeunes braves en répétant leurs chants de victoire. Les chevelures qu’ils avaient enlevées sur le champ de bataille étaient étalées en triomphe, de même que dans les régions plus civilisées on déploie les drapeaux conquis. Les vieillards racontaient les exploits des anciens guerriers, et déclaraient qu’ils étaient éclipsés par la gloire de ce combat, tandis que Cœur-Dur lui-même, qui depuis l’enfance s’était toujours distingué par les actions les plus éclatantes, était proclamé unanimement, et au milieu d’acclamations réitérées, le chef le plus digne et le brave le plus intrépide que le Wahcondah eût jamais envoyé à ses enfants de prédilection, les Pawnies-Loups.

Quoique Middleton n’eût plus à craindre pour le trésor qu’il venait de recouvrer, ou que du moins il se trouvât comparativement dans un état de sécurité, il ne fut pas fâché de trouver à l’entrée du village ses braves et fidèles artilleurs, qui poussèrent des cris de joie en le revoyant. La présence de cette troupe, quelque peu nombreuse qu’elle fût, suffit pour écarter toute ombre d’inquiétude de son esprit. Elle lui assurait la liberté de ses mouvements ; elle lui donnait de l’importance et de la considération aux yeux de ses nouveaux amis, et lui permettait de franchir sans obstacle l’intervalle considérable qui séparait encore le