Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/427

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des égards que tout honnête homme ne peut manquer d’avoir pour son meilleur ami, je voudrais dire pour son propre père. Voilà ma part à moi ; quant à vous, vous nous donnerez en échange, à vos moments perdus, quelques-unes de vos anciennes traditions, peut-être un petit avis salutaire à l’occasion, par petites quantités à la fois, et autant de votre agréable compagnie que vous pourrez le taire sans vous gêner.

— Merci, mon garçon, grand merci, répondit le vieillard en promenant une main mal assurée sur sa valise ; l’offre est faite de bon cœur, et ce n’est pas sans reconnaissance qu’elle a été entendue ; mais je ne saurais l’accepter ; non, je ne puis jamais l’accepter.

— Vénérable venator, dit le docteur Battius, tout homme a des obligations à remplir à l’égard de la société et de la nature humaine. Il est temps que vous retourniez auprès de vos compatriotes pour déposer entre leurs mains les provisions de connaissances expérimentales que vous n’avez pu manquer d’acquérir par un si long séjour dans les déserts ; et si les préjugés ont pu les altérer tant soit peu, ce n’en sera pas moins un héritage précieux pour ceux que vous devez, dites-vous, quitter bientôt pour jamais.

— Ami docteur, répondit le Trappeur en le regardant fixement en face, de même qu’il ne serait pas facile de juger du caractère du daim en considérant les habitudes du renard, il serait injuste de parler des services que peut rendre un homme en pensant trop aux actions d’un autre. Vous avez vos dons comme les autres, je présume, et je suis loin de vouloir les contester. Mais quant à moi, le Seigneur m’a fait pour agir, et non point pour parler : ainsi donc je ne crois pas faire grand mal en fermant mes oreilles à votre invitation.

— C’en est assez, interrompit Middleton. J’ai assez vu et assez entendu de cet homme extraordinaire pour être convaincu que nos instances ne le feront point changer de résolution. Nous commercerons d’abord par entendre votre demande, mon digne ami, et nous examinerons ensuite de quelle manière il nous sera possible de vous être utile.

— C’est bien peu de chose, capitaine, dit le vieillard, qui avait enfin réussi à ouvrir sa valise ; — bien peu de chose, sans doute, auprès de ce que j’avais coutume d’offrir autrefois en guise d’échange, mais enfin c’est ce que j’ai de mieux, et c’est pour cela