Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/428

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que ce n’est peint à dédaigner. Voilà les peaux de quatre castors que j’ai pris un mois environ avant de vous rencontrer, et en voilà une autre d’un raton, qui n’est pas d’un grand prix sans doute, mais qui peut pourtant servir à faire le poids.

— Et que vous proposez-vous d’en faire ?

— Je les offre en échange légitime. Ces coquins de Sioux, — le Seigneur me pardonne d’avoir cru un moment que c’étaient les Konzas ! — m’ont ravi les meilleures de mes trappes, et ne m’ont laissé d’autre ressource que d’inventer de misérables pièges, qui pourraient me faire passer un hiver bien rigoureux ; si ma vie se prolongeait jusqu’à une autre saison. Je vous prie donc d’emporter ces peaux, de les offrir à quelques-uns des trappeurs que vous ne manquerez pas de rencontrer là-bas, en échange de quelques trappes, que vous enverriez alors en mon nom au village pawnie. Ayez soin d’y faire mettre ma marque : un N avec une oreille de chien et la platine d’un fusil. Il n’y a point de Peau-Rouge qui conteste alors mes droits. Pour toutes ces peines, je n’ai guère plus à vous offrir que mes remerciements, à moins que mon ami le chasseur d’abeilles ne veuille accepter la peau de raton, et se charger personnellement de toute l’affaire.

— Si je le fais, puisse-je…

La jolie main d’Hélène vint se mettre sur la bouche de Paul, et il fut obligé d’avaler le reste de sa phrase, ce qu’il fit avec autant de peine en apparence que s’il eût été sur le point d’étouffer.

— C’est bon, c’est bon, reprit le vieillard avec douceur ; j’espère qu’il n’y a pas grand mal à avoir fait une pareille offre. Je sais que la peau d’un raton est de bien peu de valeur ; mais aussi ce que je demandais en retour n’exigeait pas de grandes peines.

— Vous ne rendez pas justice à notre ami, interrompit Middleton en voyant que le chasseur d’abeilles regardait partout ailleurs qu’où il fallait, et qu’il était tout à fait hors d’état de se disculper lui-même ; il n’a pas voulu dire qu’il refusait de remplir votre commission, mais seulement qu’il ne voulait pas entendre parler de dédommagement. Au reste, il est inutile d’en dire davantage à ce sujet ; c’est à moi qu’il appartient de veiller à ce que la dette de la reconnaissance que nous avons contractée soit payée exactement, et à ce que tous vos besoins soient prévenus.

— Hem ! dit le vieillard en regardant le jeune militaire en face, comme pour lui demander une explication.