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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/59

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d’Hélène, il brûlait d’entendre le bruit de leurs fusils, et si l’occasion s’était offerte, il aurait été volontiers des premiers à voler à leur secours. Lui-même il éprouvait parfois le désir, presque irrésistible, de s’élancer pour éveiller les imprudents voyageurs ; mais un coup d’œil jeté sur Hélène suffisait pour rappeler sa prudence prête à l’abandonner, en le faisant souvenir qu’elle serait victime de sa témérité.

Le Trappeur seul était calme en apparence, observant tout aussi froidement que s’il n’eût pas eu un intérêt direct à la tournure que prendraient les choses. Son regard vigilant semblait être partout. C’était celui d’un homme trop habitué aux scènes de danger pour se laisser aisément émouvoir, et qui ne pensait qu’aux moyens de trouver ses gardiens en défaut, et de tromper leur vigilance.

Pendant ce temps les guerriers tetons n’étaient pas restés oisifs. À la faveur de l’herbe touffue accumulée dans les bas-fonds, ils s’étaient frayé un chemin à travers cette couche épaisse, comme autant de serpents perfides qui se glissent vers leur proie, jusqu’à ce qu’ils fussent arrivés à un point où il devenait nécessaire de redoubler de précaution avant d’avancer davantage. Mahtoree seul avait de temps en temps élevé sa taille imposante au-dessus de l’herbage, pour darder un regard perçant à travers l’obscurité qui régnait le long du petit bois. Ces observations rapides, jointes à celles qu’il avait déjà faites dans sa première recherche, lui suffirent pour reconnaître parfaitement la position de ceux dont il voulait faire ses victimes, quoiqu’il ignorât encore leur nombre et les moyens de défense qu’ils pouvaient avoir. Ses efforts pour avoir au moins quelques données sur ces deux points essentiels furent complètement inutiles, tant le camp était plongé dans un profond silence. On eût dit un enclos qui n’aurait été habité que par des morts. Trop défiant et trop circonspect pour s’en rapporter à d’autres qu’à lui-même, dans des conjonctures aussi critiques, le Dahcotah dit à ses compagnons de l’attendre où ils étaient, et poursuivit seul son chemin.

Mahtoree n’avança qu’à pas lents et d’une manière qui, pour un homme moins accoutumé à cette espèce d’exercice, n’aurait pu manquer d’être extrêmement pénible. Le plus adroit reptile n’aurait pu ramper avec plus de souplesse ni avec moins de bruit. Accroupi jusqu’à terre, il avançait un pied, puis l’autre, s’arrêtant à chaque mouvement pour saisir le plus léger son qui aurait pu