Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 8, 1839.djvu/106

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CHAPITRE VIII.


Juliette. — Quel est ce gentilhomme ?
La Nourrice. — Le fils et l’héritier du vieux Tibério.
Juliette. — Et celui qui le suit, qui n’a pas voulu danser ?
La Nourrice. — Sur ma foi ! Je n’en sans rien.
ShakspeareRoméo et Juliette.


Le soleil commençait à sortir du sein des eaux dans lesquelles sont situées les îles bleues de Massachussets, quand on vit les habitans de Newport ouvrir leurs portes et leurs fenêtres, et se préparer aux divers travaux de la journée, avec la fraîcheur et l’activité de gens qui avaient sagement suivi la distribution naturelle du temps pour jouir du repos ou se livrer au plaisir. Ils se souhaitaient le bonjour les uns aux autres avec enjouement tout en ouvrant les légères fermetures de leurs boutiques, avec les questions et les réponses de civilité d’usage sur la fièvre d’une jeune fille ou le rhumatisme d’une vieille femme. Le maître de la taverne à l’enseigne de l’Ancre Dérapée, qui était si empressé de garantir sa maison de l’imputation de favoriser les orgies nocturnes, était de même un des premiers à ouvrir sa porte, pour attirer chez lui tout passant qui pourrait sentir le besoin de chasser l’humidité de la nuit précédente par le moyen de quelque stomachique fortifiant. Ce cordial se prenait très généralement dans les colonies anglaises, sous les noms divers de juleps, — d’amers, — de coup du matin, — de chasse-brouillards, etc., suivant que la situation de chaque district semblait exiger quelque précaution particulière. Cette coutume, à la vérité, tombe un peu en désuétude, mais elle conserve encore beaucoup de ce caractère sacré qui semble attaché à tout ce qui tient à l’antiquité.

Il n’est pas peu étonnant que ce louable et vénérable usage de chasser les impuretés malsaines qui s’engendrent dans le système