Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 8, 1839.djvu/170

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ver un pareil homme, comme disent nos politiques, après qu’ils ont remué ciel et terre pour leur cause, qu’elle soit juste ou injuste.

— Voilà des principes très louables, et ils vous fourniront sûrement les moyens de vous élever dans le monde un peu plus tôt ou un peu plus tard. Mais vous oubliez de répondre à ma question : ma traversée sera-t-elle longue ou courte ?

— Que le Ciel vous bénisse, maître Wilder ! Est-ce à un pauvre aubergiste comme moi à dire au maître de ce noble navire de quel côté le vent pourra souffler ? Voilà le digne et respectable capitaine Nicholls, qui est étendu dans sa cabine ici dessous, il faisait tout ce qu’il voulait de ce bâtiment ; et pourquoi croirais-je qu’un homme qui a de si bonnes recommandations que vous en ferait moins ? Je m’attends à apprendre que vous avez fait une fameuse course, et qui fera honneur au bon témoignage que j’ai eu occasion de rendre en votre faveur.

Wilder maudit du fond du cœur la dissimulation astucieuse du drôle avec lequel il était forcé d’être en relation pour le moment ; car il vit clairement que sa détermination à ne pas se compromettre en faisant un pas de plus qu’il ne le trouvait absolument indispensable ne servirait probablement qu’à rendre Joram trop circonspect pour s’expliquer aussi clairement qu’il l’aurait désiré.

— Vous voyez, lui dit-il après avoir hésité un instant pour se donner le temps de la réflexion, que ce bâtiment commence à marcher trop vite pour que nous perdions le temps en paroles inutiles. Vous connaissez la lettre que j’ai reçue ce matin ?

— Moi, capitaine Wilder ! Dieu me protége ! me prenez-vous pour le buraliste de la poste aux lettres ? Comment saurais-je quelles lettres arrivent à Newport, et ce qui peut causer un délai sur mer ?

— Le maraud est aussi craintif que coquin, murmura Wilder. Mais vous pouvez du moins me dire si l’on doit me suivre sur-le-champ, ou si l’on attend de moi que je retienne le bâtiment au large sous tel prétexte que je pourrai imaginer.

— Dieu vous protége, jeune homme ! voilà d’étranges questions adressées par quelqu’un qui vient à peine de quitter l’eau, à un homme qui n’a fait que la regarder de la côte depuis vingt-cinq ans. Autant qu’il m’en souvient, monsieur, vous dirigerez votre vaisseau du côté du sud, jusqu’à ce que vous ayez dépassé