Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 8, 1839.djvu/181

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se sentit certain que la conduite de la Caroline lui était abandonnée, que lorsqu’elle eut cessé d’être dans cette proximité dangereuse, et qu’obéissant à la nouvelle disposition de ses voiles, elle eut fait son abatée dans un endroit où il pouvait en diriger les mouvemens à son gré.

Voyant que la marée devenait défavorable, et qu’il y avait trop peu de vent pour la refouler, il fit attacher les voiles en festons à leurs vergues, et donna ordre de jeter l’ancre.


CHAPITRE XIII.


« Qu’avons-nous ici ? un homme ou un poisson. »
Shakspeare


La Caroline était alors à l’ancre à un cable de distance du prétendu négrier. En congédiant le pilote, Wilder s’était chargé d’une responsabilité à laquelle un marin craint en général de s’exposer, car si quelque accident était arrivé en quittant le port, l’assurance du navire eût été perdue, et il aurait lui-même probablement été puni. On verra peut-être, dans la suite de notre histoire, jusqu’à quel point la certitude qu’il était au-delà et au-dessus de l’atteinte des lois, avait contribué à le décider à une démarche si hardie ; le seul effet immédiat de cette mesure fut qu’il consacra au soin de la Caroline toute son attention, qu’il avait auparavant partagée entre son navire et les deux dames que se trouvaient sur son bord. Mais dès que son bâtiment fut en sûreté, du moins pour un certain temps, et que son esprit ne fut plus agité par l’attente d’une scène immédiate de violence, notre aventurier trouva le loisir de reprendre sa première occupation, quoiqu’elle fût à peine plus