Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 8, 1839.djvu/26

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vînt nécessaire d’y mettre le feu en la chargeant de bons et francs boulets.

— Et qui sont ces hommes ? demanda Pardon avec cette espèce de curiosité niaise qu’avaient éveillée chez lui les merveilles racontées par le tailleur. Sont-ce des matelots du négrier, ou des oisifs du Newport ?

— Eux ! s’écria le tailleur en regardant le petit groupe que lui montrait le paysan, à coup sûr ce sont de nouveaux venus, et il peut être bon de les examiner de plus près dans ces temps de trouble. Holà ! Nah, prenez cet habit, et rabattez-en les coutures, fainéante, car le voisin Hopkins est pressé par l’heure, tandis que votre langue va comme celle d’un jeune avocat dans une cour de justice. N’épargnez pas vos coudes, jeune fille ; ce n’est pas de la mousseline que vous allez presser sous le fer, mais une étoffe sur laquelle on pourrait appuyer une maison. Ah ! c’est que votre mère s’y entend, Pardy, et ce qui a été une fois sur son métier n’a pas souvent besoin de la ravaudeuse.

S’étant ainsi déchargé du reste de l’ouvrage sur une servante à mine renfrognée, qui fut forcée de cesser de babiller avec un voisin pour obéir à ses ordres, il sortit promptement de sa boutique, tout boiteux qu’il était depuis sa naissance, et se trouva en plein air. Mais comme nous sommes sur le point de présenter au lecteur des personnages plus importans, nous nous permettrons de différer leur introduction jusqu’au commencement du chapitre suivant.


CHAPITRE II.


Sir Toby : « Excellent ! je découvre le mystère ! »
ShakspeareLe Jour des Rois.


Les étrangers étaient au nombre de trois, car c’étaient bien des étrangers, à ce que dit à l’oreille de son compagnon le bonhomme Homespun, qui connaissait non-seulement les noms, mais presque l’histoire secrète de tous ceux, hommes et femmes, qui