Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 8, 1839.djvu/269

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la terre, vola rapidement sur la mer, laissant derrière elle une longue traînée d’écume ; et, avant que les deux amies eussent eu le temps de se reconnaître, elle flottait dans le calme comparatif que produit autour de lui le corps d’un grand vaisseau. Un homme vif et actif était debout sur le tillac, donnant les ordres nécessaires à une centaine de matelots ; et, au milieu de la confusion et de l’alarme qu’une telle scène devait naturellement faire naître dans le cœur d’une femme, Gertrude et Mrs Wyllys furent conduites à bord. Wilder et la négresse les y suivirent, et, dès que leurs effets eurent été transportés, la chaloupe fut abandonnée au gré des vents, comme un poids inutile. Alors vingt matelots grimpèrent aux cordages, les voiles furent augmentées l’une après l’autre, jusqu’à ce que, toutes étant déployées dans toute leur grandeur, le vaisseau reprit rapidement sa route, fendant les ondes avec la même rapidité que l’oiseau qui fend l’air.


CHAPITRE XIX.


« Maintenant laissez-le faire : Génie du mal, te voilà libre, prends la route que tu voudras. »
Shakspeare


Si le lecteur fait attention à la rapidité avec laquelle le vaisseau flottait entraîné par le vent, il ne sera pas surpris qu’une semaine après celle où se passèrent les incidens que nous venons de rapporter, nous puissions ouvrir la scène du présent chapitre dans une partie toute différente de la même mer. Il n’est pas nécessaire de suivre le Corsaire dans les détours de cette marche oblique et souvent incertaine en apparence, pendant laquelle la quille de son