Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/136

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les plus rapprochés et les mieux connus parussent confus et incertains comme l’ombre de la nuit.

L’étranger et son compagnon jetèrent un prudent regard sur cette scène sombre et silencieuse.

— Je ne vois rien que des troncs immobiles et dès haies couvertes de neige, dit le premier lorsque sa vue eut embrassé l’horizon le côté de la vallée où ils étaient placés. Il faut aller en avant afin de voir les champs de plus près.

— De ce côté est la poterne, répondit Dudley, observant que l’étranger prenait une direction opposée à celle qui conduisait à la porte. Mais un geste d’autorité le réduisit au même instant au silence, et lui ordonna de suivre son compagnon vers l’endroit où il lui plaisait d’aller.

L’étranger fit un circuit jusqu’au milieu de la montagne avant de descendre aux palissades à un point où étaient entassées des piles de bois qui avaient été réunies pour le chauffage de la famille. Ce lieu était un de ceux qui dominaient la partie la plus escarpée de l’éminence, ce qui rendait la provision des piquets bien moins nécessaire que sur ses surfaces plus unies. Cependant aucune précaution utile à la sûreté de la famille n’avait été négligée, même dans ce lieu fortifié. Les piles de bois étaient posées à une assez grande distance de la clôture pour qu’il fût difficile de escalader, tandis que de l’autre côté elles formaient des plates-formes et des parapets qui devaient ajouter à la sûreté de ceux qui auraient été obligés de défendre cette partie de la forteresse. Prenant ce chemin directement au milieu des piles parallèles, l’étranger descendit rapidement jusqu’à ce qu’il eût atteint l’espace découvert entre les rangs extérieurs et les palissades. C’était à dessein que cet espace avait été laissé assez large pour permettre à un homme de le franchir.

— Il y a longtemps que mes pieds n’ont touché se lieu, dit Ében Dudley cherchant son chemin à travers un sentier que son compagnon semblait parcourir sans hésitation. C’est ma propre main qui a élevé cette pile, il y a quelques hivers, et je suis certain que depuis ce temps la main d’un autre n’a pas touché ces morceaux de bois. Cependant, pour un homme qui vient d’outre-mer, il paraît que tu ne trouves aucune difficulté à te frayer un chemin à travers d’étroites allées.

— Celui qui a des yeux peut facilement choisir entre le vide et des souches de hêtre, reprit l’étranger. En disant ces mots, il