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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/138

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sultat de leurs recherches. Sur les bâtiments extérieurs semblait régner le calme le plus parfait ; les êtres animés qu’ils contenaient ne faisaient pas entendre le plus léger bruit. Les haies, les souches noircies couvertes de petites pyramides de neige, les troncs plus hauts et plus propres à inspirer des soupçons, un arbre qui était resté debout, enfin la bordure immense de la forêt, tout était paisible et enveloppé des ombres de la nuit. L’espace qui entourait la poterne était vide ; une nappe de neige sans tache aurait trahi la présence d’un objet qui eût passé sur sa surface. On pouvait même distinguer la conque suspendue à un des pieux, aussi muette, aussi paisible que dans le temps où elle était encore lavée par les vagues sur les sables des bords de la mer.

— Nous attendrons ici l’arrivée de l’étranger ; qu’il soit envoyé par les pouvoirs aériens ou pour quelque message terrestre, murmura Soumission préparant ses armes pour un prompt usage, et s’arrangeant de la manière la plus commode pour supporter patiemment l’ennui d’une faction.

— Je voudrais que mon esprit fût à l’aise sur la question de mon droit à attaquer ceux qui troublent la tranquillité d’une famille des frontières, dit Ében Dudley : il pourrait se faire qu’il fût prudent de frapper le premier coup, si un galant d’outre-mer, par exemple, avait la fantaisie de nous inquiéter à cette heure.

— Dans ce cas, répondit l’inconnu d’une voix sombre, tu ferais bien d’attacher peu d’importance à la qualité d’agresseur. Si un nouvel agent de l’Angleterre paraissait…

L’étranger s’arrêta, car un son de la conque s’éleva graduellement dans les airs, et remplit bientôt la vallée de sa riche et mélancolique harmonie.

— Les lèvres d’un homme ne sont pas au coquillage, dit l’étranger qui, ainsi que Dudley, avait fait un mouvement vers la poterne à l’instant où le son avait frappé son oreille, et qui recula aussi comme l’habitant des frontières, dans un étonnement que son empire sur lui-même ne put vaincre lorsqu’il fut convaincu de la vérité de ce qu’il venait de dire. Ceci surpasse tout ce qu’on raconte de merveilleux !

— C’est en vain que l’homme prétend élever sa faible nature au niveau des choses qui viennent d’un monde invisible, reprit l’habitant des frontières. Dans une semblable circonstance il serait convenable que des pécheurs retournassent à l’habitation,