Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/183

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cette joie féroce qu’il manifeste ordinairement près d’un ennemi vaincu.


CHAPITRE XVI.


Quelles sont ces gens dont le costume est si étrange, si fané, qui sont sur la terre et qui ne ressemblent point à ses habitants ?
ShakspeareMacbeth.



La tristesse de la saison, dont nous avons déjà parlé, n’a jamais une longue durée dans le mois d’avril. Un changement dans le vent avait été observé par les chasseurs pendant leur course sur les montagnes ; et quoique trop préoccupés pour accorder une grande attention aux progrès du dégel, plus d’un jeune planteur avait trouvé l’occasion de remarquer que la fin de l’hiver était arrivée. La scène décrite dans le chapitre précédent commençait à peine, que les vents du sud s’étaient mêlés à la chaleur de l’incendie ; un air doux, qui avait suivi le cours du golfe Stream, s’était dirigé vers la terre, et passant sur l’île étroite qui, en ce lieu, forme la pointe avancée du continent, peu d’heures s’écoulèrent avant qu’il eût détruit les restes glacés de l’hiver. Les courants de cet air chaud pénétrèrent dans les forêts, fondirent les neiges des champs ; la nature entière en ressentit une heureuse influence, et elle parut renouveler l’existence des hommes et des animaux. Le lendemain de la chasse, un point de vue bien différent de celui que nous avons dépeint à nos lecteurs s’offrit aux yeux dans la vallée de Wish-ton-Wish.

L’hiver avait entièrement disparu ; et comme la végétation avait acquis de la croissance par la chaleur momentanée du printemps, un étranger dans la vallée n’aurait pu supposer que la saison avait été sujette à une aussi sombre interruption. Mais le changement principal et le plus triste n’était pas dans la nature. Au lieu de ces simples et heureuses habitations qui ronronnaient la petite éminence, on voyait une masse de ruines noircies par le feu. Quelques ustensiles de ménage, quelques meubles à moitié détruits, étaient épars sur le sol ; et çà et là quelques palissades