Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/263

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pouvait s’étendre jusque sur les incidents les plus familiers de l’intérieur d’un ménage, mais où peu d’intérêts domestiques semblaient assez secrets, où peu de sentiments particuliers étaient considérés comme assez sacrés, pour qu’une grande partie de tout le voisinage ne se crut pas le droit de les connaître. Le révérend M. Wolfe fut apaisé par cette explication ; et après avoir accordé un laps de temps suffisant pour permettre aux esprits de se recueillir, il commença le service régulier du matin. Il est inutile de rapporter la manière bien connue dont les Puritains accomplissaient les exercices religieux : assez de détails ont été donnés sur ce sujet, et leur doctrine ainsi que les formes de leur culte sont également familières à la plupart de nos lecteurs. Nous nous bornerons à une relation de quelques parties de la cérémonie (si l’on peut appeler ainsi un service qui en écarte soigneusement toute apparence), et lesquelles seront intimement liées avec les incidents de notre histoire.

Le ministre avait achevé sa courte prière préparatoire, il avait lu le passage de la sainte Écriture, et prononcé les versets du psaume ; il s’était joint à cette étrange mélopée nasillarde que ses ouailles essayaient de rendre doublement agréable ; il avait terminé sa longue et fervente lutte de l’esprit, dans une espèce de colloque qui dura près de trois quarts d’heure, pendant lequel des allusions directes avaient été faites non seulement au sujet de son récent examen, mais à divers intérêts particuliers à ses paroissiens, et toutes les choses avaient été accomplies de son côté avec son zèle ordinaire, et de la part de ses auditeurs, avec le grave décorum et l’attention habituelle. Mais lorsqu’il se leva pour la seconde fois, dans l’intention de lire un des cantiques d’actions de grâces, on vit passer dans le centre de l’aile principale une figure qui, par son étrange accoutrement autant que par son retard irrévérend à se rendre à l’église, attira l’attention générale. Les interruptions de cette nature étaient rares, et le ministre lui-même, bien qu’absorbé dans ses pensées religieuses, s’arrêta un instant avant d’entonner l’hymne, quoiqu’il courût un bruit parmi les plus instruits de ses paroissiens, que cette version sonore était une effusion de sa muse.

L’interrupteur n’était autre que Whittal Ring. Ce jeune idiot s’était échappé de la maison de sa sœur et avait dirigé ses pas vers le lieu du rendez-nous général, où presque tout le village était assemblé. Pendant son ancienne résidence dans la vallée, il